Niger : la liberté d’expression menacée

Il y a trois mois, des militaires ont renversé le président Mohamed Bazoum au Niger. Aujourd'hui, les défenseurs des droits humains ne sont pas sereins.

Deutsche Welle  – Ce jeudi 26 juillet 2023, cela fait trois mois exactement que des militaires ont renverséle président Mohamed Bazoum et pris le pouvoir à Niamey.

L’occasion de tirer un premier bilan des évolutions durant ce trimestre sous régime d’exception. Les défenseurs des droits humains sont inquiets.

Un étal de légumes sur un marché de Niamey (05.08.23)
Certains produits ont vu leurs prix fortement augmenter du fait des sanctions internationalesImage : DW

Cherté de la vie et sécurité

 

Il y a d’abord le quotidien des Nigériens. Avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires, surtout les céréales, et notamment le riz.

Des pénuries aussi, pour certains produits pharmaceutiques, comme nous l’a raconté un habitant d’une région frontalière avec le Burkina Faso.

Mais, selon lui, même si la population souffre, elle comprend la situation difficile, liée au blocus économique de la Cédéao et aux groupes armés toujours présents :

« [Les militaires] se sont tellement concentrés sur la sécurité que beaucoup de points n’ont pas pu être résolus, explique-t-il. Du point de vue économique, il n’y a pas eu de changement pratiquement parce qu’ils n’ont pu entreprendre aucun travail.[…] On est solidaires à 100% de ce gouvernement, vraiment. »

Cet habitant affirme que dans sa région de Say, non loin de Tillabéry, les patrouilles de l’armée sont plus fréquentes et qu’elles ont pu endiguer le vol de bétail. Les soldats, plus visibles, encadreraient aussi selon lui des convois de vivres en provenance du Burkina Faso.

 

Niger | Manifestation en soutien au CNSP, le 26 août 2023, à Niamey
« Quand les autorités ont demandé des volontaires pour aider l’armée, le stade était plein », raconte un habitant de la région de SayImage : AFP

Soutien aux militaires

 

L’adhésion d’une certaine frange de la population aux nouveaux dirigeants ne fait pas de doute. L’habitant que nous venons de lire affirme par ailleurs que, depuis le coup d’Etat, « les langues se sont déliées ».

Pas sûr, cependant. Plusieurs personnes ont refusé de répondre à nos questions.

De l’avis d’Abdoulaye Kanni, le coordonnateur national du Réseau nigérien des droits humains, si seules les manifestations de soutien au pouvoir se multiplient, c’est qu’il n’est pas aisé d’exprimer des critiques.

« Aujourd’hui, on assume le principe que « tout ce qui n’est pas avec nous est contre nous », constate Abdoulaye Kanni. « Celui qui ne s’accorde pas avec cela est une voix discordante, considérée comme hostile à la patrie. De sorte qu’il est très difficile de travailler pour un journaliste. Nous le constatons sur le terrain, nous qui y vivons. »

Intimidations et arrestations arbitraires

Dans un communiqué commun, les ONG Human Rights Watch (HRW) et Amnesty international dénoncent aussi le harcèlement, les intimidations et les arrestations subis par des « journalistes, des jeunes et des opposants politiques présumés » qui tentaient d’exprimer une opinion différente.

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Sandrine Blanchard

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne) – Le 26 octobre 2023

 

 

 

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