La détresse des Ukrainiens privés d’électricité moquée à la télévision russe

Courrier international  – Le 16 décembre, les forces russes ont de nouveau bombardé massivement les infrastructures électriques de Kiev et quatorze régions ukrainiennes. Alors que 40 % des habitants de la capitale ukrainienne sont privés d’électricité, le site d’information russe “Meduza”, basé en Lettonie, passe en revue les railleries relevées ces derniers jours dans les médias officiels russes à l’égard des citoyens ukrainiens.

 

“Meurtrie par la guerre, l’Ukraine s’efforce de restaurer l’électricité dans ses infrastructures après qu’une nouvelle vague de frappes russes vendredi [16 décembre] a endommagé le réseau électrique des grandes villes”, écrit la Deutsche Welle ce 17 décembre. Mais cette fois-ci, le fournisseur national d’énergie Ukrenergo rapporte “qu’en raison de l’étendue des dégâts dans le nord, le sud et le centre du pays, le rétablissement des approvisionnements pourrait prendre plus de temps qu’après les précédentes attaques”.

“La télévision d’État russe et les chaînes Telegram pro-Kremlin ne peuvent éviter de mentionner ces réalités, constate le site d’information russe Meduza, exilé en Lettonie. Mais elles trouvent des moyens de déformer les faits, soit en raillant la situation en Ukraine, soit, en cas d’échec, en accusant les Ukrainiens eux-mêmes de cette destruction.” Le 13 décembre, des extraits de l’émission “Les news d’Alekseï Kazakov” diffusée la veille sur la chaîne de télévision Rossiya-24 ont beaucoup circulé sur Telegram. On y voit la présentatrice Ievguenia Petroukhina “tourner en dérision les difficultés auxquelles sont confrontés les Ukrainiens en raison des pannes de courant fréquentes – sans signaler que ces pannes sont la conséquence des attaques russes”. Le journal prévient que les citations collectées contiennent des termes péjoratifs pour désigner l’Ukraine et les Ukrainiens, pouvant heurter les lecteurs.

 

“C’est presque romantique !”

 

Dans l’émission du 12 décembre, la présentatrice commentait ainsi les images de la situation en Ukraine :

“Il y a une pénurie de générateurs en ‘Nezalezhnaïa’ [mot d’argot péjoratif utilisé pour désigner l’Ukraine, version déformée du mot ukrainien signifiant “indépendant”]. (…) Voilà à quoi ressemble la vie quotidienne pour un Ukrainien : charger son téléphone dans les magasins, dîner aux chandelles… C’est presque romantique, à part le fait qu’il faille environ une heure pour cuire de la nourriture à la bougie ! ”

Et le commentaire de la présentatrice se poursuit sur le même ton amusé : “Voici un homme contraint de se raser à côté d’un distributeur de billets. […] Un autre exemple : vous risquez de vous retrouver chauve si vous essayez de vous sécher les cheveux au-dessus d’une gazinière… Dans le meilleur des cas !”

Ievgueni Feldman, photographe du journal Meduza, relaie l’extrait en question et s’interroge sur les raisons pour lesquelles une telle propagande continue d’être acceptée :

 

 

“Le quotidien [des Russes] qui regardent cela n’est pas si différent de celui des personnes qui apparaissent ici, estime-t-il. […] Ces similitudes devraient réussir à passer le filtre de la propagande. Pourquoi cela ne se produit-il pas ? ”

 

Propagande récurrente

 

Meduza a analysé de nombreuses émissions de la chaîne et souligne que la présentatrice ironise régulièrement sur la détresse des Ukrainiens liée aux pannes de courant. En témoigne notamment cet autre exemple, le 29 novembre :

“Les Ukrainiens lambda ne peuvent plus s’offrir de repas élaborés désormais : même pour faire bouillir 100 millimètres d’eau – soit environ la moitié d’un verre – à la bougie, il faut au mieux 40 minutes. […] Et le bortsch russe, que les Ukrainiens aiment tant, ne peut tout simplement pas être cuisiné sans un générateur, une gazinière ou un feu.

 

 

 

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Source : Courrier international 

 

 

 

 

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