Le vol à destination de Nouakchott avait pris sa vitesse de croisière en pilotage automatique.
Dans ma tête, tout se bousculait, les images, les odeurs, les couleurs, les bruits.
Et cette petite radio mentale qui ne me lâchait pas : « ça y est, tu es de retour après deux longues années».
Un vertige annoncé d’émotions.
Sur le tarmac de l’aéroport, une constellation d’étoiles scintillait, la lune brillait de tous ses feux. Il suffisait de lever les yeux pour profiter de cette parade des planètes dans ce noir en filigrane comme pour dire « Marhaba*-Bienvenue ».
Hâte ! Hâte de voir ma famille, mes amis.
Je n’étais probablement pas le seul vu la cohue devant les guichets de contrôle de la police.
C’était un désordre qui ne semblait gêner que les quelques primo-arrivants.
C’était en quelque sorte un désordre organisé par la fréquence des coupe-files des cousins et cousines d’officiels ou autres officieux de la jeune république « militaire ».
Surprise…
Mon adresse de résidence du quartier de la « BMD » ne suffisait pas pour renseigner le formulaire administratif, il fallait noter un numéro de maison.
Et moi, le seul numéro que je connaissais, c’était celui de la boîte à lettres de la poste centrale qui servait en quelque sorte de domicile à presque toute une tribu.
Des noms de rue, un réseau d’égouts, des feux de signalisation, un système de collecte de déchets, de l’eau courante, de l’électricité …Plusieurs idées me traversaient furtivement l’esprit.
Peut-être que ! Enfin…
Je n’avais pas le temps d’épiloguer, ma petite valise était dans les bras de deux anonymes messieurs qui m’ordonnaient avec insistance de les suivre.
Pas le choix…
Un énorme cumulus commençait à voiler sérieusement l’alignement des planètes qui se formait.
Un petit tour rapide dans la camionnette blanche et noire caractéristique de la police, nous arrivions dans des locaux isolés de l’aéroport.
Après quelques interrogatoires et une fouille de toutes mes affaires, j’étais sorti dépareillé du sinistre endroit.
Tout était sens dessus-dessous dans ma petite valise, mes documents ouverts, certains de mes modestes présents étaient absents.
Un vertige d’incompréhension.
La constellation d’étoiles s’était évanouie avec les premières lueurs de l’aube naissante.
Mais ça, c’était avant !
C’était les années 90, c’était la jeune république « militaire ».
Elbane Hamady
Suggestion kassataya.com :
Poussière d’étoile ! / Par Elbane Hamady
Psss…Bouge pas ! / Par Elbane Hamady
La chute ! / Par Elbane Hamady
Vraiment pas sympa ! / Par Elbane Hamady
La casserole pleurait ! / Par Elbane Hamady
Moi, je me voyais ! / Par Elbane Hamady
Le petit pas de trop ! / Par Elbane Hamady
Comme un oiseau ! / Par Elbane Hamady
À propos des inondations à Nouakchott…