
achar Al-Assad vient de visiter Alep pour la première fois depuis la reconquête, en 2016, de ce bastion de l’insurrection révolutionnaire. Le dirigeant syrien était accompagné de sa femme et de leurs trois enfants. L’aîné, prénommé Hafez comme son grand-père, le fondateur de la dynastie Assad, est, – Bmalgré ses 21 ans, d’ores et déjà présenté comme l’héritier désigné.
Le dictateur syrien s’est même brièvement rendu à la Mosquée des Omeyyades d’Alep, dont le minaret emblématique, cible d’un bombardement gouvernemental en 2013, gît toujours dans les gravats. Car la reconstruction du pays reste très laborieuse, le régime refusant de réhabiliter les quartiers autrefois rebelles. Le but est, dans les ruines de Syrie, de rappeler ce qu’il en coûte de s’opposer au despote, mais aussi d’éviter d’encourager un éventuel retour de réfugiés potentiellement contestataires.
Situé à quelques kilomètres au sud de Damas, la banlieue de Hajar Al-Aswad tire son appellation de la « Pierre noire » qui aurait été placée par le prophète Mohammed lui-même dans un des angles de la Kaaba, le saint des saints de l’islam à La Mecque. Ce quartier défavorisé a historiquement été peuplé par des réfugiés syriens, expulsés en 1967 du plateau du Golan, lors de l’occupation israélienne de ces hauteurs stratégiques. Dans une communauté d’exil et de pauvreté, il était flanqué au nord du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, devenu comme lui, en 2012, un fief de la résistance au régime Assad.
Alors que Yarmouk a subi un siège impitoyable en 2013-15, au cours duquel près de deux cents civils sont morts de faim, Hajar al-Aswad a été le théâtre de combats acharnés, d’abord entre le régime et les insurgés, puis entre ceux-ci et les jihadistes de Daech, finalement maîtres de la zone, jusqu’à en être expulsés en 2018. Ces cycles d’affrontements ont laissé Hajar al-Aswad en ruines, une désolation que le régime Assad a laissée pratiquement en l’état.
Lucratif trafic de captagon
Le despote syrien continue en effet d’être moins préoccupé par le sort de ses compatriotes que par l’exploitation des ressources indispensables à la préservation de son régime. Le détournement des aides internationales à la population, qui a constitué un ressort majeur d’une telle préservation, est désormais moins lucratif pour les Assad que le trafic de captagon, cette amphétamine dont le régime est devenu le principal producteur au Moyen-Orient.
Mais la dictature syrienne, toujours inventive quand il s’agit de générer de nouveaux revenus, exploite désormais la manne des ruines qu’elle a elle-même causées. Le décor de fin du monde de Hajar Al-Aswad a en effet séduit Jackie Chan lui-même, au point que la star hongkongaise du kung-fu, devenue un des producteurs les plus en vue à Pékin, a décidé d’y tourner son prochain film à gros budget.
Ce tournage a débuté ces derniers jours, en présence de l’ambassadeur de Chine à Damas, dans les ruines de Hajar Al-Aswad, où le régime avait dépêché un de ses blindés porteur d’une banderole « Peace and love » (en anglais dans le texte, à l’attention à l’évidence des médias internationaux). C’est dire qu’un tel projet est tout autant politique que cinématographique, la production chinoise ayant développé un partenariat aux Emirats arabes unis, pionniers, non seulement de la normalisation avec Israël, mais aussi de la réhabilitation de Bachar Al-Assad, reçu à Abou Dhabi en mars.
Exercice de propagande
Le film est intitulé Home Operation, soit « Opération (de retour à) la maison », et traite de l’évacuation, hors du Yémen en guerre, en mars 2015, de 562 ressortissants chinois (ainsi que de 8 employés étrangers de sociétés chinoises). Cette opération complexe, menée à partir des ports d’Aden, dans le Sud, et de Hodeidah, dans le Nord, avait été la première démonstration de force de la marine chinoise à partir de sa base de Djibouti.
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