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Chers amis, chers camarades de luttes, chers compatriotes mauritaniens, banndiraaɓe
tedduɓe, mi salminii on.
Dans le contexte du projet de loi sur la réforme du système éducatif, nous avons assisté à un
tumulte dans lequel, aux alertes argumentées sur les points d’ombre du projet de loi, sont
venus s’aligner des discours d’occultation dont l’esprit est d’éclipser son contenu
contradictoire. À la mobilisation à dénoncer cette mascarade législative, certaines voix se sont
adonnées à une perfide démobilisation en déployant une rhétorique de discréditation appuyée
par un usage exagéré d’un positionnement social ou politique.
Gourmo Lo, auquel j’exprime au passage tout le respect dû du fait de notre différence d’âge,
a écrit un texte me concernant. Un texte publié hier et qui a fait le tour des réseaux sociaux.
Il y a exprimé différentes choses et s’est servi d’une certaine forme d’expression pour le faire.
Faut-il vraiment répondre à Gourmo Lo ? La question se pose. Rectifier les passages de la
partie à peu près cohérente de son texte ? Cela, oui, il faut certainement le faire ! Car le devoir
de vérité l’exige.
Quant à la partie qui relève de l’invective, je crois que celle-ci suffit à sa propre destruction.
En tout cas, elle ne reflète absolument pas le niveau de débat que je souhaiterais avoir avec
un intellectuel de son rang. Ce que j’attendrais d’un tel débat, aussi virulent qu’il puisse être,
c’est fondamentalement l’usage de termes, peu importe leur ardeur, qui puissent avoir une
signification cohérente avec la logique des échanges. Ceci faut défaut dans cette partie du
texte de Gourmo Lo.
Pour ce qui est des affirmations à rectifier : Tout d’abord, cher ainé Gourmo Lo, vous
commettez d’emblée un impair dont les conséquences portent gravement atteinte à la
construction de votre argumentaire. Vous critiquez les propos d’une vidéo que j’ai faite en
vous servant fondamentalement de certaines données apparues seulement après sa
publication. Et pourtant, j’avais pris le soin de décliner la date de la vidéo dans le propos en
question.
À sa sortie, nous n’avions donc en notre disposition que le texte de présentation de la réforme.
L’avant-projet de loi, décliné en articles ne sera rendu publique que plus tard dans les jours
qui ont suivi. Donc j’ai fait la vidéo sur un texte primordial dont le contenu destructeur pour
nos langues a été unanimement dénoncé. Les trois associations culturelles par exemple ont
même organisé une conférence de presse pour afficher leur opposition formelle à son
contenu, dès le mois de mars, qu’elles jugent destructeur pour nos langues. Ce que j’ai dit
dans la vidéo, encore une fois sur la base de ce document, le seul disponible à l’époque, a
été dit et redit et exprime des craintes légitimes dont l’expression devait participer à soumettre
la cause des langues, par voie publique, aux confectionneurs du projet de loi en vue. Et la
vidéo a bien fait son chemin.
Le 9 juillet, après publication de l’avant-projet de loi, je suis revenu dans un audio, qui doit
être le premier à sortir sur ce sujet, pour faire cette fois-ci une critique détaillée de l’article 65
et de l’annexe. Par la suite, Olan, l’organisation à laquelle j’appartiens, a publié un
communiqué complet contenant des revendications précises. Par conséquent, le travail
auquel vous m’appelez, je l’ai déjà accompli, et ce, il y a plus de 10 jours. Notre organisation
vous a aussi précédé à le faire. Et tout ce travail a également fait son chemin.
Sachant ces éléments, il ne reste plus à votre texte que son autre aspect dont la discussion
n’a pas sa place dans les lignes de cette communication.
Quand je me suis demandé s’il fallait répondre à mon ainé Gourmo Lo, non pas à l’invective
ni à la construction erronée de son argumentaire, mais à lui répondre sur le fond, sur sa visée
véritable à peine voilée, sur ce qui a pu être à l’origine d’une telle mobilisation d’énergie et de
cette forme particulière d’expression, je me suis souvenu d’un principe que j’ai l’habitude
d’inculquer à mes étudiants, dès le premier cours, et qui dépeint un aspect de ce que nous
autres mathématiciens privilégions quand il s’agit de juger l’élégance d’une démonstration.
La situation est simple. Et, pour un besoin pédagogique, elle est déclinée sous forme d’une
boutade.
Je pose donc le problème que voici : Vous êtes dans la cuisine, il y a une plaque
chauffante, un robinet, et il y a une casserole accrochée au mur. Comment faites-vous pour
chauffer de l’eau ? Un étudiant répondra que c’est simple, qu’il décrochera la casserole,
ouvrira le robinet pour la remplir, puis la posera sur la plaque qu’il allumera ensuite.
Très bien ! Et maintenant imaginez qu’on change un peu la situation. On laisse tout en place,
dans l’expérience précédente, sauf la casserole, qui est cette fois-ci posée sur une table. Il
est probable que quelqu’un réponde qu’il faudra juste prendre la casserole, la remplir au
robinet, la poser sur la plaque et allumer cette dernière. Mais la réponse du véritable esprit
mathématique ne sera pas tout cela. Ce dernier répondra juste que pour chauffer de l’eau
dans cette deuxième situation, il faudrait prendre la casserole et l’accrocher au mur, et le tour
est joué.
En effet, à partir de là, le processus pour chauffer de l’eau est déjà connu et acquis.
Autrement dit, il suffirait juste de se mettre dans les premières conditions dont on connait déjà
les processus qu’elles enclenchent plutôt que de se torturer à réinventer la roue.
Je vais appliquer le même principe quant à une réponse aux intentions réelles de nuire à notre
action qui se lisent parfaitement dans votre texte, pour peu qu’on y prête attention.
J’en appelle donc à Murtudo Diop qui a eu à vous répondre dans un contexte différent, mais
sur un contenu et des méthodes qui ressemblent à s’y méprendre à ce qu’il se passe
aujourd’hui. C’était un 23 janvier 2004, dans le contexte de l’élection présidentielle
précédente. Moi qui suis né un 23 janvier, je n’y vois qu’un signe, un très grand signe. Murtudo
me fait ainsi un cadeau d’anniversaire à utiliser 18 ans plus tard. C’est aussi la caractéristique
de l’esprit de génie qu’il fut, qui, quand il empoigne la réalité, en dit des choses difficilement
périssables. Je ne vais en citer que quelques passages. J’invite les camarades à lire ce texte
en entier, à admirer la verve du grand maître que fut Murtudo, à contempler son courage
transcendant, à savourer son expertise. Mais surtout, à en puiser de la foi pour cette lutte.
Pour ma part, ma fierté d’appartenir à l’école philosophique de Murtudo ne s’en est qu’accrue.
Écoûtons donc, dans ces passages, Murtudo s’adresser à Gourmo Lo qui, manifestement,
avait tenu une certaine expression et un certain propos à son égard. Il aurait traité Murtudo et
son groupe, entre autres, de « Radicaux de France » et « d’Excités d’Amérique ».
< Non Gourmo ! Je ne vous fais pas la guerre mais en t’attaquant à nous qui te connaissons
très bien, nous te répondons en nous situant exclusivement sur le terrain politique en faisant
appel à des faits qui sont têtus. Te rappelles – tu de la conférence organisée par l’OCVIDH à
la bourse du travail de Massy Palaiseau ? tout le thème de ta conférence ne s’était focalisé
que sur le dialogue avec Maawouya chef d’un Etat barbare. Ce jour là, toute l’Assemblée t’a
houspillé, elle s’est retournée contre toi et t’a rudement tancé, y compris le député des verts
français Noël Mamer.
Après la conférence, tu avais perdu ton sans froid, tu t’es battu contre
ce député qui soutenait notre cause. J’étais venu vous séparer. Recourant au «
DENDIRAAGAL » des Halpoular’en , parentés à cousinage, sorte de mécanisme d’extinction
des conflits, je t’ai rappelé sous un ton amical nos discussions houleuses au sein de
l’organisation des Etudiants Mauritaniens en France avec tous les termes rudes dont nous
nous qualifions les uns et les autres. Nous avons explosé de rire, un courant fraternel s’est
installé momentanément entre nous au point que je t’ai rendu visite au Havre. Je ne suis pas
un sectaire. Je suis en relation avec toutes nos nationalités opposées à la dictature, à,
l’esclavage, au racisme, à l’assimilation, à l’oppression et l’exploitation d’un régime hideux,
valet de l’impérialisme. Nous sommes pour une Mauritanie pluri-raciale, pluriethnique et
respectueuse de toutes nos différences culturelles et autres. Te rappelles- tu encore de notre
conférence de Bruxelles pour la communauté Mauritanienne de Belgique le 16 décembre
2002 ? l’ancien député KEBE Abdoulaye, toi, Jemal Ould Yessa, Jiddou Ould Salek et moi y
avions animé une magistrale conférence débat où chacun de nous s’était exprimé librement.
Nous avons ces films et ceux de Massy Palaiseau. Tu as affirmé à Bruxelles que les Noirs
Mauritaniens sont au Paradis par rapport à ceux de l’Afrique du Sud. Toute l’Assemblée t’a
chiffonné. D’autres intervenants au Net t’ont rigoureusement attaqué Ces propos ont entaché
ta renommée.>>
Plus loin, Murtudo poursuit :
<<Comment souder les fractures nationales provoquées par le Président de l’Etat barbare
sans solutionner la question nationale que toi et Haïdallah veulent escamoter ? rappelons
brièvement qu’elle est concomitante à la question sociale que vous aviez longtemps
dichotomisée au nom d’un marxisme stérile et étouffant qui privilégiait la lutte de classes
comme moteur de l’histoire. Il est regrettable que vous ayiez confondu cette lutte de
classes avec la lutte de places .
Tu me dis : « KOKO HAALAA HAA DEYYAA ». « MANDE MBAAWDAA PULAAR ? ».Tu
faisais partie des éléments les plus zélés au sein de notre organisation des Etudiants
Mauritaniens en France qui ne croyaient pas à l’égalité de nos langues, et qui soutenaient
fermement l’arabe ( comme langue de ciment). C’est mon plaidoyer à notre dernier congrès
pour l’égalité des langues qui avait bloqué cette organisation. Tu avais formé un bloc
homogène avec les Baasistes , les frères musulmans, les Nassériens, tutti quanti qui
s’opposaient à moi qui défendais farouchement l’égalité raciale et linguistique. L’histoire nous
a donné raison, notre cause est entendue. Nous n’avons jamais négocié avec nos régimes
traîtres. Nous avions combattu. Ce sont nos luttes multiformes et ascendantes dans toutes
les structures du poular à l’échelle nationale et internationale qui avaient obligé Haïdallah à
officialiser nos langues, à créer l’Institut des Langues Nationales et les enseigner à titre
expérimental pendant 6 ans . l’histoire qui ne cesse de nous donner raison vous a condamné.
[…] Oh GOURMO ! cher ami, je ne voulais pas réveiller les morts. Parfois, comme
l’archéologue, il faut les ressortir de leurs tombes pour faire triompher la vérité que vous avez
toujours tenter de noyer par des diatribes et la collaboration, que Maawouya étouffe par la
mythomanie, que Haïdallah escamote par le dialogue.
[…] Cette attitude autistique de votre part qui consiste à fuir la lutte, à flétrir tous ceux qui s’y
consacrent et à tenter de vous réfugier dans les rangs de Maawouya par le biais de «
Haïdallawouya » est scandaleux.
[…] Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cette pathologie de la collaboration
avec le fascisme qui vous anime est l’ennemi fondamental du changement. Vous êtes les
partisans de la facilité, alors que la liberté ne se donne pas, ne se mendie pas, elle s’arrache.
Ceux que tu qualifies de « Radicaux de France » et « des Excités d’Amérique » qui vous
vouent aux gémonies ne font que répondre à vos attaques mesquines, perfides, car votre
cible n’est pas le pouvoir que vous courtisez, mais ceux qui le combattent. Je ne vous fais pas
la guerre. Je constate.
[…] Si vous avez décidé de dialoguer là où on vous impose le monologue, c’est votre affaire.
Au contraire, nous avons décidé de redoubler d’efforts pour combattre le régime criminel de
Maawouya et tous ses suppôts. Par ailleurs nous ne vous considérons pas comme nos
ennemis. Quand vous avez été arrêtés, nous n’avions pas fait des motions de soutien à
Maawouya comme vous avez l’habitude de le faire chaque fois qu’il frappait vos adversaires.
Nous Dekaalem, avons rédigé un communiqué exigeant la libération de LoGourmo, de
Haïdallah et de son équipe et la démission du régime fasciste de Maawouya Ould sidi Ahmed
Taya et la constitution d’un gouvernement de l’opposition. C’est un exemple que l’opposition
anglaise avait l’habitude d’utiliser. Nous avons signé une pétition dans ce sens et je suis à la
tête de cette liste. Nous avons exprimé notre joie lors de votre libération.
A propos du dialogue dont tu nous tympanises, que le bourreau de Maawouya vous refuse, il
a tendu la main aux vrais « Radicaux de France » et aux « Excités d’Amérique » qui ont refusé
de dialoguer avec lui tant qu’il ne promet pas de régler les problèmes évoqués. Nous autres,
nous sommes au service d’un idéal, d’autres se battent pour obtenir des strapontins. Les
Doungourous de Haïdallah lui lèchent ses bottes, et nous, nous bottons ses bottes. Vous le
courtisez il vous fuit, nous le fuyions il nous suit. C’est parce que la vérité est de notre coté ;
elle seule est révolutionnaire comme disait Lénine. Je ne vous fais pas la guerre parce que
vous l’avez perdue. […] « KOOK HULBINTAA JULLAARE » ! >> Fin de citation.
Cher aîné Gourmo Lô, j’aurais aimé que nous ayons un débat plus à niveau sur les langues
et le choix d’un régime de politique linguistique approprié pour notre pays. Nous pourrions
discuter sérieusement cette question en explorant les alternatives à l’idéologie de la langue
de l’état qui court dans le projet de loi, qui a couru dans votre interview en pulaar, et qui rejoint,
selon le témoignage de Murtudo que nous venons d’entendre, votre idéologie de base. Une
idéologie qui traine son lot de massacres culturels et humains sur des masses d’individus
aussi bien en France qu’en Amérique. Un jacobinisme que vous déclinez dans les couleurs
locales.
Nous aurions pu discuter du multilinguisme en Suisse où les quatre différentes langues
nationales sont toutes vecteurs d’enseignement à l’école dans un souci de justice et de paix
sociales. Nous pourrions parler de la Belgique, et aussi du Luxembourg où trois langues
nationales sont utilisées à l’école, en plus de l’anglais, dans un tout petit pays dont la
population fait un peu plus de la moitié de celle de Nouakchott. Nous aurions pu discuter des
implications économiques du multilinguisme institutionnalisé attestées par différentes
recherches. Les aspects psycholinguistiques de cette question pourraient également être
discutés sur la base de ce qu’en dit la recherche en science de l’éducation. Voilà la méthode
que nous avons apprise de l’école philosophique de Murtudo Diop et de Cheikh Anta Diop.
Toutefois, si une telle discussion n’est pas possible avec vous, alors nous pourrions au moins
nous adonner, et vous plus que quiconque, à l’urgence d’alerter sur les contradictions internes
de l’article 65 et sur son irrespect criant envers l’égalité entre les communautés
sociolinguistiques du pays.
Pour finir, j’appelle les mauritaniens à mesurer les conséquences illimitées d’une loi
discriminatoire et dont l’ambiguïté peut mener aux pires interprétations, à rejoindre le sit-in
pacifique du 24 juillet, à 8 heures du matin, devant l’assemblée nationale. L’heure est à la
défense de nos droits légitimes !
J’appelle aussi les députés, chargés d’amender ce projet de loi et de le voter, de bien saisir
la responsabilité historique qu’ils tiennent entre leurs mains et de convoquer leur conscience
dénuée de tout calcul et guidée par le seul sens de la justice qui doit prévaloir. Merci.
Dr Mouhamadou Sy dit Pullo Gaynaako
Londres, le 20 juillet 2022.
Facebook – Le 20 juillet 2022
Suggestion kassataya.com :
Gourmo Lo : « Gaynako Sy , ce jeune loup de l’extrémisme vulgaire n’a plus aucune limite… »
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