Sahel – Massacre au Mali : mais où donc était l’aide russe ?

La litanie macabre des massacres continue de s’égrener dans la région du Sahel. La dernière effusion de sang en date a fait 132 victimes maliennes, rapporte le quotidien burkinabè “Wakat Séra”, qui interroge frontalement la responsabilité de la politique suivie par Bamako.

Courrier international – “Le gouvernement de la République du Mali a le profond regret d’informer que les paisibles populations des villages de Diallassougou, Dianwélé, Deguessagou et environs dans le cercle de Bankass ont fait l’objet d’attaques terroristes lâches et barbares dans la nuit du 18 au 19 juin 2022. Le bilan fait état de 132 civils froidement tués par les combattants de la katiba Macina d’Amadou Kouffa, dont plusieurs ont été formellement identifiés.”

L’information officielle, datée de ce lundi [20 juin], qui impute ces massacres sans commune mesure aux combattants de la katiba Macina, membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lui-même lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ne fait cependant pas cas des deux morts,dans l’attaque, ce lundi, toujours dans la région de Bandiagara [chef-lieu situé dans la région de Mopti, dans le pays dogon], des chasseurs traditionnels dozos [confréries africaines de chasseurs présentes surtout en Afrique de l’Ouest et particulièrement parmi les populations de langue mandingue], du poste de Djiguibombo.

De même, le communiqué gouvernemental passe curieusement sous silence la mort d’un Casque bleu, ce dimanche [19 juin], à Kidal, dans l’explosion d’une mine, alors que les discussions font rage sur le renouvellement du mandat de la Minusma, la mission onusienne pour le maintien de la paix au Mali. Le gouvernement de la transition se contente de condamner ces assauts meurtriers contre des populations civiles avec la promesse ferme d’en retrouver les auteurs et de les traduire en justice.

Les hommes de Wagner sont-ils en grève ?

Ainsi, les tueries de masse ont toujours cours au Mali, malgré la présence des éléments de la société de sécurité privée russe Wagner, qui sont portés aux nues par la junte militaire au pouvoir au Mali, après leur divorce avec les forces françaises Barkhane et européennes Takuba, qui, elles, ont été vouées aux gémonies et déclarées indésirables sur les berges du Djoliba [appellation en langue mandingue du fleuve Niger, qui coule à Bamako].

Les hommes de Wagner sont-ils réellement en grève pour rémunérations impayées de la part de l’État malien ? Ce sont donc les organisations de défense des droits de l’homme et la Minusma qui ont raison, elles qui, dans leurs différents rapports, ne cessent de dénoncer des attaques meurtrières contre les populations civiles et des atteintes à leurs droits les plus élémentaires.

Les putschistes abandonnent les populations

Les putschistes qui ont déserté les camps militaires et qui ont préféré les palais feutrés au front, où ils doivent assurer la protection des populations dont l’argent a servi à leur formation, sont davantage occupés à défendre ce pouvoir qu’ils ont arraché par les armes, un certain 18 août 2020 [date du coup d’État de 2020, qui aboutit au renversement du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013].

Et comme si leur entêtement, envers et contre tous, à prolonger leur séjour au palais présidentiel qu’ils ont nettoyé d’un pouvoir démocratiquement élu ne suffisait pas, ils ont retiré leur pays du G5 Sahel, la force conjointe qu’ils formaient avec le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie.

Pire, faisant prospérer, dans un dessein à peine voilé de défense d’intérêts personnels et égoïstes, un sentiment anti-Occident qui leur sert de programme de gouvernance, les maîtres militaires de Bamako sont devenus réticents à tout partenariat avec des États reconnus comme tels.

Et pendant qu’ils se sont érigés en sauveurs, s’accrochant au pouvoir dans la capitale, toilettant la loi fondamentale sur mesure, dans l’objectif de s’assurer amnistie et protection après leurs forfaitures, les putschistes abandonnent les populations à leur triste sort.

Ils s’octroient même une virginité par les urnes grâce à une mesure constitutionnelle qui permet au militaire qui veut se présenter aux élections de démissionner quatre petits mois avant.

C’est certain, le colonel Assimi Goïta [chef de la junte militaire] et ses affidés ne cachent plus leurs intentions, donnant une fois de plus raison au président nigérien. La vérité de Mohamed Bazoum est là, implacable : les militaires sont loin d’être une digue contre les attaques armées, et encore moins une assurance tous risques pour la gouvernance et la démocratie.

Ainsi Barkhane a-t-elle à peine bouclé l’avant-dernière étape de son départ du Mali, en remettant les clés de la base militaire de Ménaka, que les terroristes sentent, de nouveau, pousser l’adrénaline mortifère en eux. Faut-il craindre le chaos pour le Sahel avec le retrait de Barkhane ? En tout cas, les regrets sont bien là !

Source : Courrier international

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