Les pays qui accueillent encore des bases militaires françaises en Afrique, et pourquoi

BBC Afrique – Depuis plusieurs années, une vague de contestation de la présence militaire française déferle en Afrique. Malgré ce nouveau phénomène populaire lié aux tensions politico-sécuritaires, de nombreux pays abritent encore des bases militaires françaises sur le continent.

Dans le cadre d’une coopération militaire avec certains pays anciennement colonisés qui sont aujourd’hui indépendants, la France a pu disposer en Afrique de plusieurs bases militaires avec des effectifs opérationnels en attente.

Alors que le Niger, l’un des derniers pays africains à connaitre un coup d’Etat militaire, est en pourparlers avancés pour le retrait rapide des troupes françaises de son territoire, ces dernières sont bien là, engagées dans la lutte terroriste.

Qu’est-ce qui explique cette présence militaire française dans ses anciennes colonies ?

L’origine des bases militaires françaises en Afrique

 

Légionnaires français à Tombouctou.

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Des légionnaires français qui ont été parachutés à Tombouctou le 28 janvier 2013 pour reprendre la ville du nord du Mali, marchent le 30 janvier à l’aéroport de Tombouctou pour embarquer dans un avion qui les ramènera à leur base d’Abidjan.

Tony Chafer, Professeur d’études africaines et françaises au Centre de recherche en études européennes et internationales à l’université de Portsmouth au Royaume-Uni, nous fait un bref historique de la présence militaire française en Afrique.

« La France a signé des accords de coopération culturelle, technique et militaire et des accords de défense avec la plupart de ses anciennes colonies au moment de l’indépendance en 1960 », explique-t-il.

« En outre, des conseillers militaires ont été envoyés en Afrique pour travailler avec les gouvernements nouvellement indépendants. Les accords de défense ont défini le cadre dans lequel les interventions militaires françaises se sont déroulées en Afrique au cours de la période postcoloniale », pousuit-il.

 

« Avec une série d’accords bilatéraux de défense et d’assistance militaire signés avec ses anciennes colonies et jusqu’à 10 000 soldats stationnés ou participant à des opérations militaires dans ses anciennes colonies au cours des premières années suivant l’indépendance, la France a entrepris au moins 30 interventions militaires directes sur le continent entre 1964 et 1995 », renseigne le professeur Chafer.

Selon Chafer, la France a également « poursuivi une politique de substitution, plutôt que de partenariat, avec les forces militaires africaines dans sa sphère d’influence postcoloniale, le « pré carré » ».

Mais dans quels pays africains sont présentes ces bases militaires françaises, et pourquoi sont-elles là ?

Où se trouvent ces bases militaires sur le continent ?

 

Des soldats français du 2e Régiment Etranger de Parachutistes (2eREP).

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Des soldats français du 2e Régiment Etranger de Parachutistes (2eREP) se préparent à une mission sur la base aérienne française BAP, à Niamey, le 14 mai 2023.

Avec près de 10 000 forces de présence en Afrique subsaharienne, la France dispose de bases militaires à Djibouti, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, au Tchad et au Niger.

Djibouti :

Les forces françaises stationnées à Djibouti sont présentes sur place depuis l’indépendance du pays. Avec près de 1500 hommes, elles représentent le plus grand contingent de militaires français en Afrique. Sous le coup d’un protocole provisoire en date de juin 1977, un nouvel accord de défense, entré en vigueur depuis 2014, fixe leurs conditions de stationnement à Djibouti.

Côte d’Ivoire :

En 2012, la proximité historique entre la France et la Côte d’Ivoire avait fait sceller un accord de partenariat de défense entre les deux pays. C’est ainsi que le 1er janvier 2015, les forces françaises en Côte d’Ivoire ont été créées pour constituer l’une des bases opérationnelles avancées en Afrique. Après la fin de mission de l’opération Licorne le 26 janvier 2015, avec au moins 950 hommes sur place, les forces françaises en Côte d’Ivoire sont devenues des forces de présence pour assurer un relais opérationnel dans cette zone considérée comme une des priorités stratégiques de la France, conformément au livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013.

Gabon :

Déployées dans le pays depuis son indépendance en 1960, conformément aux accords de défense d’août de la même année, les forces françaises au Gabon (EFG) sont devenues au 1er septembre 2014, les éléments français au Gabon, avec environ 350 hommes. Avec Dakar au Sénégal, elles constituent le deuxième pôle opérationnel de coopération (POC) à vocation régionale.

Selon le site du ministère français de la Défense, les éléments français au Gabon comprennent un échelon de commandement, une unité terrestre (le 6e Bataillon d’Infanterie de Marine ou 6e BIMA) implanté au camp Charles De Gaulle à Libreville et une unité aérienne implantée à la base aérienne Guy Pidoux.

Sénégal :

Avec près de 400 hommes, les éléments français du Sénégal (EFS), présents depuis 2011, assurent la formation des soldats des pays de la région. Implantés au camp colonel Frédéric Geille à Ouakam et au camp contre-amiral Protet au port militaire de Dakar, les éléments français du Sénégal disposent d’une escale aérienne à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor de Dakar.

Les EFS disposent également d’une station d’émission haute fréquence de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) basée à Rufisque.

Tchad :

Les éléments français au Tchad (EFT), près d’un millier d’hommes, ont pour mission de garantir la protection des intérêts français et de ses ressortissants vivant dans le pays. Ils apportent également un soutien logistique et un appui aux renseignements aux forces armées tchadiennes, conformément à l’accord de coopération signé entre les deux pays. En 2013, le dispositif Épervier comptait près de 950 militaires affectés à deux bases principales, la base aérienne 172 à Ndjamena et la base capitaine Croci à Abéché, dans l’Est du Tchad. A Faya, dans le Nord du pays est stationné un détachement de plus de 500 hommes. En 2014, l’opération Barkhane remplace officiellement les opérations Épervier et Serval pour appuyer les pays sahéliens partenaires.

Niger :

La France comptait entre 1 300 et 1 500 soldats déployés au Niger, ainsi que des avions de chasse et des drones. Ces hommes déployés dans le pays sont affectés dans trois bases à Niamey, la capitale, à Ouallam, au nord de la capitale, et à Ayorou, vers la frontière avec le Mali.

La base aérienne 101 de Niamey est une base non permanente située sur le site de l’aéroport international Hamani Diori. Elle sert de base de départ des drones Reaper qui effectuent des missions de renseignement et de reconnaissance dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.

Mais à la suite du coup d’Etat qui a porté le général Tchiani au pouvoir, le Niger, après le Mali et le Burkina Faso, négocie un départ des forces françaises de son territoire.

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Mamadou Faye

Journaliste – BBC Afrique

 

 

 

Source : BBC Afrique (Royaume-Uni)

 

 

 

 

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