A Davos, un tableau sombre de l’état de la planète

Pas de neige, mais de nombreux orages qui grondent : le forum de Davos, qui s'achevait jeudi, a multiplié les alertes sur l'accumulation des crises secouant actuellement la planète.

Courrier international – Pas de neige, mais de nombreux orages qui grondent : le forum de Davos, qui s’achevait jeudi, a multiplié les alertes sur l’accumulation des crises secouant actuellement la planète.

Des armes pour l’Ukraine

Invité d’honneur (en visio) de la journée d’ouverture lundi, le président ukrainien a réclamé des sanctions « maximum » contre la Russie et notamment un embargo commercial total contre son voisin, pétrole et gaz compris.

Trois mois après l’invasion russe et à l’heure où les bombardements s’intensifient sur le Donbass, l’Ukraine veut surtout des armes – et de préférence lourdes.

Une revendication martelée partout à Davos cette semaine par sa très large délégation nationale.

Volodymyr Zelensky a taclé la réponse trop lente à son goût de la communauté internationale.

AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky en visioconférence devant des participants au Forum économique mondial de Davos, le 23 mai 2022 en Suisse

« Si nous avions reçu 100% de nos besoins en février, le résultat aurait été des dizaines de milliers de vies sauvées. »

Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a même accusé l’Otan de ne « strictement rien faire » contre l’invasion.

Troisième Guerre mondiale

C’est une tradition à Davos: lors d’un dîner en marge de la réunion, le milliardaire américain George Soros livre sa vision de l’état du monde et en égratigne les puissants.

AFP

Le milliardaire américain George Soros au Forum économique de Davos, le 24 mai 2022 en Suisse

« L’invasion (de l’Ukraine par la Russie) a peut-être été le début de la Troisième Guerre mondiale et notre civilisation peut ne pas y survivre », a-t-il déclaré cette année.

Outre « les deux dictateurs » russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jiping, il a mis sur la sellette l’ex-chancelière allemande Angela Merkel, dont les « accords spéciaux » sont, selon lui, une des raisons de la dépendance « excessive » de l’Europe au gaz russe.

Nuages noirs sur l’économie mondiale

« L’horizon s’est obscurci » sur l’économie mondiale et « l’année sera dure », a prévenu Kristalina Georgieva, la directrice du Fonds monétaire international (FMI).

AFP/Archives

La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, au Forum économique de Davos, le 23 mai 2022 en Suisse

Retour en force de l’inflation, durcissement des positions des banquiers centraux, creusement des dettes publiques, ralentissement en Chine… Les signaux d’alarmes se multiplient pour l’économie mondiale.

Au point d’envisager une récession? Dans les pays développés, ce n’est pas à l’horizon « pour l’instant, mais cela ne signifie pas qu’il n’en est pas question », a dit Mme Georgieva.

Parallèlement, « nous verrons des récessions dans certains pays qui ne se sont pas remis de la crise du Covid, sont très dépendants de la Russie ou de l’importation de biens alimentaires, et présentent déjà des fragilités », a-t-elle averti.

Le retour des émeutes de la faim ?

« On prend de la nourriture à ceux qui ont faim pour la donner à ceux qui meurent de faim »: pour David Beasley, le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), « aujourd’hui les conditions sont pires » qu’en 2007-2008, au moment des émeutes de la faim.

AFP/Archives

Chargement d’un camion en blé, le 24 mars 2022 à Izmail, en Ukraine

« Que pensez-vous qu’il va se passer quand on prend une nation qui fait normalement pousser suffisamment de nourriture pour 400 millions de personnes, et qu’on la met à l’écart? », a-t-il dit en référence au grenier à blé qu’est l’Ukraine pour le monde.

Achim Steiner, le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), parle de plus de 200 millions de personnes confrontées à une faim aiguë dans le monde. Et « quand les gens ne sont plus capables de se nourrir eux-mêmes, les gouvernements plus capables de fournir de la nourriture, alors la politique se déplace rapidement dans la rue », prévient-il.

« Nous avons besoin de corridors sûrs sur la mer Noire (pour la production agricole ukrainienne). La récolte, c’est le mois prochain », a rappelé la secrétaire générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala, précisant que « le secrétaire général de l’Onu est impliqué » dans les discussions.

Le climat oublié

La guerre en Ukraine ne doit pas servir de « prétexte » pour relâcher les efforts en matière de transition énergétique, a plaidé mardi l’émissaire américain pour le climat John Kerry.

AFP

L’émissaire américain pour le climat John Kerry au Forum économique de Davos, le 24 mai 2022 en Suisse

« Nous pouvons faire face à la crise ukrainienne ainsi qu’à la crise énergétique, tout en faisant face à la crise climatique », a-t-il ajouté.

Face aux craintes sur l’approvisionnement en hydrocarbures russe et à la flambée des prix, « il y a un risque qu’à court terme, certains finissent par brûler plus de charbon », reconnaît aussi Paul Simpson.

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Davos (Suisse) (AFP)

Source : Courrier international

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