Mauritanie : la méthode du discours de Ould Ghazouani inquiète les observateurs

Face aux défis économiques et de la corruption, le président Ould Ghazouani s’emploie depuis plus d’un mois à des exercices pédagogiques et médiatiques pour expliquer la pauvreté du pays et critiquer une administration défaillante qui impacte sur les citoyens et sur son programme prioritaire.

L’éradication de la corruption et la lenteur de l’exécution du programme quinquennal par le gouvernement sont considérées par les observateurs comme les causes principales du dernier remaniement ministériel. Deux chevaux de bataille qui tiennent à cœur le président mauritanien pris de court par la menace de grave crise alimentaire dans quelques mois. Une nouvelle situation qui modifie ainsi les plans prévisionnels du gouvernement, l’agenda et l’image d’un président en quête de solutions pour éradiquer la pauvreté dans le pays alors qu’il recèle d’énormes ressources naturelles pour moins de 5 millions d’habitants.

Une malédiction que le chef de l’Etat tente d’exorciser en sensibilisant la diaspora sur le phénomène des mendiants à Nouakchott avant de remonter les bretelles du gouvernement profondément remanié à mi-parcours avant 2024. Auparavant son discours devant une promotion monocolore de l’ENA est en déphasage avec la politique de discrimination positive.

Puis en s’adressant aux hommes d’affaires cette semaine à Nouakchott, le chef de l’Etat complète le chaînon manquant des acteurs stratégiques de l’économie. Ces opérateurs économiques qui sont frileux depuis des décennies pour développer un partenariat gagnant -gagnant privé-public.  Ces mêmes acteurs qui continuent de torpiller la politique des prix des denrées alimentaires obligeant ainsi Ould Ghazouani à créer une centrale d’achat pour mieux gérer l’importation de ces produits avec en toile de fond la hausse du prix du blé qui résulte de la crise ukrainienne menaçant la Mauritanie d’une grave crise alimentaire qui nécessite une gestion saine des biens publics.

Les limogeages récents des patrons du patrimoine de l’Etat, des Domaines et de l’habitat s’inscrivent dans le cadre de cette lutte contre la corruption. Mais cette bataille de longue haleine souffre d’impunité. C’est l’angle mort de la gouvernance à plusieurs facettes du locataire du palais de Nouakchott.

Même si les discours portent sur les mesures gouvernementales pour faire face à cette double crise avec le covid-19, il n’en demeure pas moins que le plus grand obstacle de l’Etat reste l’administration pléthorique, budgétivore, incompétente et qui tourne le dos aux préoccupations des citoyens.

L’art de l’exécution ce n’est pas seulement d’en parler mais de faire, d’agir à temps avec des hommes et des femmes qu’il faut à la place qu’il faut pour solutionner la fracture sociale et restaurer un Etat de droit qui respecte la citoyenneté et les libertés.

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 09 avril 2022)

 

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