Mauritanie : Salem Ould Merzoug, de la géographie à la diplomatie

C’est un des changements majeurs au sein du gouvernement mauritanien qui a été renouvelé dans la soirée de jeudi 31, au lendemain de la démission du cabinet de Mohamed Ould Bilal, le premier ministre sortant auquel, finalement, le chef de l’Etat a renouvelé sa confiance. Jusqu’ici ministre de l’Intérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug a été promu comme nouveau patron des Affaires étrangères de la Mauritanie.

Originaire comme le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani de la région de de Kiffa (Centre-Sud), cet ancien militant maoïste issu de la communauté des Haratines (Maures noirs généralement descendants d’anciens esclaves) est né dans une « famille relativement modeste, réputée pieuse et rigoureuse ».

Homme de réseaux et politique influent, Merzoug a activement participé à l’élection de l’actuel locataire du palais de Nouakchott en juin 2019.

Depuis lors, l’ancien Haut-Commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) bénéficie d’une place centrale dans le dispositif du chef de l’Etat mauritanien.

Si quinze ministres ont été remerciés lors du dernier remaniement gouvernemental, ce docteur en géographie formé à Tunis, se retrouve propulsé, donc, pour être le porte-voix de son pays devant les pays et partenaires étrangers.

Conseiller diplomatique du président Abdel Aziz entre 2016 et 2019, Merzoug auquel on prêtait, un moment, des ambitions présidentielles, avait auparavant  vécu un épisode difficile.

En mars 2014, il avait été interpellé au Sénégal par la gendarmerie après qu’un rapport de la Cellule nationale de traitement de l’information financière (Centif) l’a soupçonné de blanchiment d’argent. Placé en garde en vue en même temps que son épouse, deux comptables à la retraite de l’OMVS et son chef de protocole, il sera libéré quelques heures plus tard, sans qu’aucune charge de soit portée contre lui. Une partie de la presse mauritanienne avait alors évoqué un complot ourdi par une partie du régime alors en place en Mauritanie pour refroidir les éventuelles velléités présidentielles de cet homme politique réputé ambitieux et qui venait tout juste de rentrer dans son pays.

Durant les trois années passées à la tête du ministère de l’Intérieur, Ould Merzoug s’est distingué, notamment, par le renforcement de la sécurité des frontières entre son pays et le Mali.

Mais quelques jours avant son départ de ce département, Nouakchott s’est fortement plaint de la disparition de plusieurs de ses ressortissants au Mali. Les autorités de Bamako, dominées depuis août 2020 par une junte de jeunes colonels à l’origine de deux coups d’Etat en moins de neuf mois, pour lesquelles la Mauritanie est le principal partenaire dans la région, alors que leur pays est soumis à un embargo de la Cedeao, ont effectué dare-dare un déplacement dans la capitale mauritanienne pour tenter d’éteindre le feu.

Avec un tel profil à la tête de sa diplomatie, la Mauritanie pourrait donc compter sur un homme au carnet d’adresses immense et l’expertise solide en matière de négociations.

A l’OMVS, qu’il a dirigée durant treize ans, on le surnomme le grand bâtisseur. Beaucoup estiment que c’est sous son magistère que les gigantesques projets hydroélectriques de l’organisation sous-régionale ont vu le jour. Son action a aussi permis le retour de la Guinée au sein de cette entité dont elle s’était pourtant retirée depuis plusieurs années.

Titulaire d’un doctorat de géographie, obtenu en 1987 en Tunisie, Mohamed Salem Ould Merzoug a enseigné à l’Université de Nouakchott de 1986 à 2002 et à été plusieurs fois ministre avant d’entamer une carrière internationale.

Ce polyglotte, à l’aise en anglais, français, arabe, était durant son passage à l’OMVS président du Réseau international des organismes de bassins (RIOB).