
France Culture – Le mot « diaspora » désigne des communautés qui ont été dispersées à travers le monde, le plus souvent suite à des massacres. La recherche historique les concernant – qui se sont beaucoup développées depuis une vingtaine d’années – a privilégié les études sur les phénomènes migratoires et sur la formation des réseaux transnationaux. Ce qui a eu pour inconvénient de minimiser les stratégies d’enracinement qu’ont souvent développées les individus issus de ces différentes diasporas. Evoquons aujourd’hui les musiciens arméniens d’Ethiopie auxquels l’historien, Boris Adjemian a consacré sa thèse.
« Les hymnes nationaux n’ont pas tous été inventés pour exalter les combats des citoyens mobilisés pour défendre leur patrie menacée par des étrangers »
En 1924, le ras Täfäri, prince héritier et régent d’Éthiopie, a conclu un accord avec le patriarche arménien de Jérusalem, prévoyant l’envoi en Éthiopie de quarante orphelins arméniens rescapés des massacres de la Grande Guerre.
Âgés de douze à dix-huit ans, ces enfants ont formé pendant cinq ans la « fanfare royale » du prince héritier et leur maître de musique, Arménien lui aussi, composa le premier hymne national de l’Éthiopie. Au moment précis où l’affirmation d’une nation éthiopienne indépendante constituait un enjeu central de la politique étrangère des rois d’Éthiopie, la création d’une musique nationale fut donc, paradoxalement, entièrement confiée à des immigrants arméniens.
La recherche de Boris Adjemian est une contribution originale à l’histoire de la musique et à l’histoire de l’Ethiopie, mais aussi un apport essentiel à la réflexion sur la manière dont se sont formés les Etats-nations dans le monde. Le cas éthiopien montre en effet que les hymnes nationaux n’ont pas tous été inventés pour exalter les combats des citoyens mobilisés pour défendre leur patrie menacée par des étrangers. (…)
Source : France Culture
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