France – Jean-Pierre Pernaut, star du « 13 Heures » de TF1 pendant trente-deux ans, est mort

De 1988 à 2020, il a présenté le journal de la mi-journée réunissant chaque jour 5 millions de téléspectateurs. Le journaliste, qui jouait à fond la carte de la proximité et des terroirs, est décédé mercredi, à l’âge de 71 ans.

Le Monde – « J’appréhende mon dernier 13 Heures », confiait-il au Parisien à la veille de présenter son ultime journal sur TF1, le 18 décembre 2020, alors que 5 millions de téléspectateurs en moyenne le suivaient chaque jour depuis trente-deux ans. Une déchirure pour le présentateur du JT de la mi-journée le plus regardé d’Europe, dictée déjà par le cancer. Jean-Pierre Pernaut est mort mercredi 2 mars à l’âge de 71 ans, a annoncé mercredi à l’AFP l’agent de son épouse Nathalie Marquay-Pernaut.

« Le père de Tom, Lou, Olivier et Julien est décédé des suites de son cancer du poumon » mercredi après-midi, a-t-elle déclaré, quelques minutes avant que TF1 ne confirme la disparition du journaliste.

L’homme du « 13 Heures »

Surtout ne pas parler de « longue maladie ». expression qu’il abhorrait depuis sa rencontre avec Nathalie Marquay, miss France 1987 qui avait vaincu une leucémie. Mariés en 2007, ils avaient eu deux enfants, Tom et Lou, qui avaient rejoint les deux aînés, nés de sa première union avec Dominique Bonnet : Julia et Olivier. Avec ce dernier, team manager, ils partageaient la même passion pour l’automobile.

 

Opéré d’un cancer de la prostate en 2018, Jean-Pierre Pernaut était revenu sept mois plus tard, jusqu’au confinement, reclus 83 jours chez lui, à Louveciennes (Yvelines). Opéré du cancer d’un poumon en juillet 2021, le second était touché en novembre, inopérable. Depuis, ce catholique pratiquant tenait à partager son combat, comme dans La Vie d’après, sur C8, le 9 décembre 2021, sa première infidélité à TF1 en quarante-cinq ans de carrière.

Diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1975, puis stagiaire au Courrier picard, le futur « JPP » apparaît ainsi pour la première fois à l’écran en août 1972, à 22 ans, au temps de l’ORTF. Avant d’être contacté par TF1 et d’intégrer la chaîne le 6 janvier 1975, jour de sa création.

Ce n’est que le 22 février 1988, à 13 heures, qu’il prend la suite d’Yves Mourousi, jugé trop parisianiste. Alors que le patron de TF1 Patrick Le Lay lui demande de jouer la proximité, Jean-Pierre Pernaut a l’idée de créer un réseau de correspondants (aujourd’hui composé de 19 bureaux et 150 journalistes). Résultat, cinq mois après son arrivée, son « 13 Heures » passe devant celui d’Antenne 2, pour ne plus quitter la première place – même depuis qu’Anne-Sophie Lacarrau lui a succédé en janvier 2021.

Cette proximité, qui lui assure son succès, n’est pas feinte. Comme les gens qui le regardent, Jean-Pierre Pernaut parle sans prompteur, conduit sa voiture, peste contre les « bouchons », pousse des coups de gueule, fait ses courses… en dépit d’un bon salaire, qu’il assume. Il ose même parler d’argent dans Combien ça coûte (de juillet 1991 à mai 2010).

Parallèlement, il a le soutien de sa hiérarchie : « Jamais en trente-trois ans, un patron de TF1 ne m’a téléphoné pour me dire il faut faire ça” », assure-t-il dans Focus du 25 septembre 2020.

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Pourtant les critiques fusent. On lui reproche d’exacerber la rivalité province-Paris, alors que, natif d’Amiens (Somme) le 8 avril 1950 et ayant grandi à Quevauvillers (650 habitants), il cible régulièrement les journalistes parisiens ; on l’accuse surtout d’être populiste. « Si s’intéresser aux gens c’est être populiste, alors je le suis », répond-il dans Aujourd’hui en France, le 6 février 2015. Pas réac mais « conservateur » ; il s’enorgueillit d’avoir « senti la crise des Gilets jaunes deux ans avant tout le monde » (Focus, 25 septembre 2020). « Le trait de génie de Pernaut avait été de comprendre qu’après les années 1980 fric et frime, le public avait soif d’écologie, d’authenticité, de vraies valeurs », note l’écrivain Michel Houellebecq dans La carte et le territoire (Flammarion, 2010)

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Source : Le Monde

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