Portrait – Randa Abdel Aziz, première présentatrice noire à la télé publique irakienne

Courrier internationalÂgée de 25 ans, la journaliste veut être un exemple à suivre dans un pays où les Noirs, soumis à l’esclavage entre le IXe et le XXe siècle, sont encore victimes de vives discriminations, raconte le New York Times.

Randa Abd Al-Aziz était dans un café de Bagdad avec ses amis et elle les faisait rire en lisant une publicité pour des produits de beauté dans cet arabe classique et affecté qui est utilisé pour les discours, les décrets officiels – et par les présentateurs télé.

Un chasseur de têtes l’a entendue, et lui a proposé de présenter le journal télévisé. Une offre totalement inattendue pour la jeune femme et qui allait changer sa vie.

 

Paralysée par le trac

 

Randa Abd Al-Aziz a 25 ans. Avant elle, aucun Noir irakien n’avait présenté de programme à la télévision publique depuis la chute de Saddam Hussein, il y a presque 20 ans. (Selon les dirigeants des chaînes nationales, il n’y a pas non plus eu de présentateur noir à la télévision publique pendant le long règne de Saddam Hussein).

“Je pensais que ça ne durerait pas, que je ne ferais pas l’affaire”, raconte la jeune femme, qui n’avait aucune expérience de la télévision et pas d’appétence particulière pour le journalisme.

Le chemin de Randa Abd Al-Aziz, de ce café avec ses amis au fauteuil de présentatrice, n’a pas été facile. Elle a passé plus de six mois, 10 heures par jour, à apprendre à poser sa voix et à s’immerger dans la politique intérieure et étrangère irakienne, autant de sujets qui ne l’intéressaient pas du tout auparavant. “J’ai beaucoup travaillé. J’ai dû travailler ma voix et me suis mise à suivre l’actualité”, résume-t-elle.

Lors de son premier direct, en septembre dernier, elle était paralysée par la peur. “Je n’ai pas fait le moindre faux pas, mais quand j’ai quitté l’antenne, j’ai éclaté en sanglots”, confie-t-elle.

 

Des descendants d’esclaves

 

“En Irak, il y a au moins 1,5 million d’Africains-Irakiens, estime Nabil Jasim, 51 ans, président de la chaine publique irakienne Al-Iraqiya [qui a recruté la journaliste]. Il faut qu’ils soient représentés à la télévision.”

Le recrutement de la jeune Randa a choqué et agacé quelques employés de la chaîne et des téléspectateurs, reconnaît Nabil Jasim. Le Parlement irakien ne compte pas un seul député noir et il n’y a pratiquement aucun Noir haut placé dans les ministères.

 

Jane Arraf
Lire l’article original
 

 

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page