Le Monde – Dans la nuit de vendredi à samedi, la capitale ukrainienne a été visée par des raids aériens des forces russes. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé les habitants à continuer le combat, alors que l’Allemagne a annoncé la livraison à l’Ukraine d’un millier de lance-roquettes et de 500 missiles sol-air.
Les combats continuent à Kiev
Dans une vidéo filmée à Kiev par le journaliste russe Egor Belikov, reprise par notre correspondant à Moscou Benoît Vitkine, on peut voir et entendre des échanges de tirs, alors que la capitale ukrainienne s’apprête à vivre une nouvelle nuit de guerre, après l’invasion russe, débutée jeudi. « C’est déjà le quatrième échange… Ils durent trois-quatre minutes », conclut Egor Belikov à la fin de l’enregistrement.
Six ressortissants grecs ont été tués en Ukraine
La Grèce a déclaré, samedi, qu’elle allait convoquer l’ambassadeur russe à Athènes pour protester contre la mort de six civils de la minorité grecque lors du bombardement d’un village en Ukraine.
« La Grèce exprime son horreur et condamne catégoriquement le bombardement de civils par un avion russe à la périphérie du village de Sartana plus tôt dans la journée, qui a entraîné la mort de deux Grecs et blessé six autres personnes, dont un enfant », a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué. Quelques heures plus tard, le ministère a ajouté que quatre autres membres de la minorité grecque étaient morts dans le village de Bugas.
Dans un communiqué, l’ambassade de Russie à Athènes a exprimé sa « profonde tristesse » face à ces décès, mais a affirmé que la Russie visait « exclusivement » des cibles militaires en Ukraine. « Nous ne bombardons pas les zones habitées et les villages, ni aucune infrastructure politique ou culturelle », a assuré l’ambassade, ajoutant que l’armée ukrainienne et « les escadrons nazis nationalistes sont connus depuis des années pour frapper les civils. Nous mettons en garde contre la possibilité que le régime de Kiev n’utilise les communautés d’origine grecque et autres vivant en Ukraine pour provoquer des réactions antirusses à l’étranger », a ajouté l’ambassade.
Malgré ses liens historiques avec la Russie, la Grèce a condamné l’attaque russe et a soutenu les sanctions contre Moscou.
Le point sur la situation en Ukraine à 20 h 30
- Au troisième jour de l’invasion menée par la Russie, Kiev se prépare après une première nuit de combats. La capitale ukrainienne a instauré un couvre-feu jusqu’à lundi à 8 heures. Un haut immeuble résidentiel a été touché par un tir de missile, samedi matin. Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de ce tir. Le métro de Kiev est à l’arrêt et sert de « refuge » antiaérien aux habitants.
- De son côté, l’armée russe a reçu l’ordre d’élargir son offensive sur l’Ukraine, « dans toutes les directions ». Les forces russes ont pénétré en profondeur par le nord, l’est et le sud, mais se heurtent à la résistance de l’armée ukrainienne et n’ont pour l’instant pris le contrôle total d’aucune ville ukrainienne, selon plusieurs sources occidentales.
- Le gouvernement ukrainien a fait état de 198 civils tués, dont 3 enfants, et plus d’un millier de blessés depuis le début de cette invasion. Des dizaines de militaires ont également perdu la vie. La Russie ne donne aucun bilan sur ses pertes. Le ministre de la défense ukrainien affirme que 3 500 soldats russes ont été tués depuis jeudi – une affirmation invérifiable pour le moment. Les réfugiés ukrainiens affluent dans les pays frontaliers, notamment en Pologne, qui dit en accueillir déjà 115 000.
- Le gouvernement allemand a décidé d’autoriser la livraison à l’Ukraine d’un millier de lance-roquettes et 500 missiles sol-air, rompant ainsi sa politique d’interdiction de toute exportation d’armes létales en zone de conflit. Les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire de 350 millions de dollars. La Belgique, la République tchèque, les Pays-Bas et la France ont notamment annoncé l’envoi d’armes – défensives s’agissant de la France – ou d’équipement.
Le président ukrainien appelle l’ONU à priver la Russie de son vote au Conseil de sécurité
Volodymyr Zelensky a appelé l’ONU, samedi, à priver la Russie de son droit de vote au Conseil de sécurité, lors d’un entretien téléphonique avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. La Russie a mis son veto, vendredi, à une résolution condamnant son « agression » de l’Ukraine et exigeant le retrait de ses troupes.
Les deux hommes ont aussi discuté de l’idée de « qualifier les actions et les déclarations de la Russie contre l’Ukraine de génocide, et [de la manière] d’aider [l’Ukraine] à remettre les corps des soldats russes » tués par les troupes ukrainiennes, selon le président ukrainien.
Le secrétaire général de l’ONU a fait part de « la détermination de l’ONU à renforcer l’aide humanitaire au peuple ukrainien », selon un communiqué des Nations unies. Antonio Guterres « a fait savoir au président [ukrainien] que les Nations unies lanceraient mardi un appel pour financer leurs opérations humanitaires en Ukraine », est-il précisé dans le communiqué.
Environ mille Français se trouvent toujours en Ukraine
Notre journaliste Faustine Vincent rapporte qu’environ mille Français sont toujours en Ukraine à l’heure actuelle et « ont pour consigne de ne pas prendre la route, car trop dangereux ». Selon le directeur du centre de crise à Paris, interrogé par Le Monde, aucune évacuation n’est possible pour le moment : « On guette le moment qui permettra de les évacuer en sécurité. » La moitié de ces ressortissants se trouvent à Kiev.
La France a mis en place une cellule psychologique, ainsi qu’un « dispositif d’accueil » aux frontières pour ceux qui quittent l’Ukraine, à trois postes-frontières en Pologne, et un poste-frontière en Roumanie. D’autres dispositifs similaires vont être ouverts en Slovaquie et en Moldavie.
Twitter confirme les restrictions de son service en Russie
Le réseau social américain a dit dans un message « être conscient » que son service « est restreint pour certaines personnes en Russie ». Il écrit également qu’il « s’efforce de maintenir son service sûr et accessible ».
Un peu plus tôt, samedi, la plate-forme de surveillance d’Internet NetBlocks avait annoncé que la Russie a décidé de restreindre – un peu plus – l’accès à Twitter et que les restrictions étaient en vigueur chez plusieurs fournisseurs d’accès à Internet. Vendredi, Roskomnadzor, le gendarme des communications russe, a dit « limiter l’accès » et « ralentir » le fonctionnement de Facebook, en accusant le réseau social de censurer des médias russes et de violer les droits humains et ceux des citoyens russes. Il est actuellement possible de contourner la censure en utilisant des services VPN.
La France envoie des convois humanitaires vers l’Ukraine
Selon les informations du Monde, recueillies par notre journaliste Faustine Vincent, la France a envoyé, jeudi, un premier convoi humanitaire vers l’Ukraine. Ce convoi, qui se trouve actuellement en Allemagne, comporte quarante tonnes d’équipements pour accueillir les personnes déplacées.
Un second convoi humanitaire est en cours de préparation. Comme l’écrit notre journaliste sur Twitter, « il s’agit d’une aide médicale d’urgence pour traiter environ 500 blessés graves ». Il partira en Ukraine « dès que la logistique est prête », selon le directeur du centre de crise à Paris.
L’Allemagne va livrer à l’Ukraine 1 000 lance-roquettes et 500 missiles sol-air
L’Allemagne va livrer « dès que possible » à l’Ukraine un millier de lance-roquettes et 500 missiles sol-air de type Stinger pour l’aider à faire face à l’invasion de l’armée russe, a annoncé, samedi, le gouvernement.
« L’agression russe contre l’Ukraine marque un changement d’époque, elle menace l’ordre établi depuis l’après-guerre », a justifié le chancelier, Olaf Scholz, dans un communiqué. « Dans cette situation, il est de notre devoir d’aider l’Ukraine autant que nous le pouvons à se défendre contre l’armée de Vladimir Poutine. »
Berlin a été très critiqué ces dernières semaines par les autorités ukrainiennes pour son refus de leur livrer des armes. Le gouvernement allemand s’est toujours justifié par la politique restrictive qu’il a suivie depuis l’après-guerre, qui proscrivait les exportations d’équipements « létaux » dans les zones de conflit.
Un peu plus tôt, samedi, l’Allemagne avait décidé d’autoriser la livraison à l’Ukraine de 400 lance-roquettes antichars. Ces livraisons doivent être effectuées par les Pays-Bas, qui avaient, à l’origine, acquis ces lance-roquettes auprès de l’Allemagne et avaient besoin de l’aval de Berlin pour pouvoir les réexporter vers Kiev.
Les maires de Lyon, Nancy, Saint-Etienne, Lille se disent prêts à accueillir des réfugiés ukrainiens
La France « prendra sa part » dans l’accueil des réfugiés ukrainiens : cette annonce d’Emmanuel Macron vendredi, relayée par les maires de métropoles et de collectivités, a été saluée par les associations d’aide aux migrants, même si elles jugent qu’il est trop tôt pour évaluer les besoins.
« On a répondu pour accueillir les personnes venues d’Afghanistan, on sera là pour prendre en charge les Ukrainiens », résume auprès de l’Agence France-Presse Delphine Rouilleault, de l’association France Terre d’asile. « Mais on ne sait pas encore quand, combien et à quel titre », ni si les Ukrainiens pourront être accueillis en France pour « une protection temporaire » ou de manière prolongée, insiste-t-elle.
« La France, comme tous les autres pays européens, prendra sa part », non seulement pour « assister la population ukrainienne », mais aussi pour « accueillir » des réfugiés venus de ce pays, avait déclaré le président français, à l’issue d’un Conseil européen exceptionnel, qui s’est tenu dans la nuit de jeudi à vendredi.
La question devrait être abordée dimanche, lors d’un conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur de l’Union européenne.
Source : Le Monde
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