Au Ghana, un sommet de la Cédéao dominé par les putschs au Mali, en Guinée et au Burkina Faso

Un quatrième pays d’Afrique de l’Ouest devrait s’inviter à l’ordre du jour : la Guinée-Bissau, visée mardi par un coup d’Etat avorté.

Le Monde – Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se réunissent à Accra, ce jeudi 3 février, alors que trois pays de cette région frappée par les djihadistes sont dirigés par des militaires putschistes et ont été suspendus de ses instances. L’Afrique de l’Ouest a été déstabilisée par quatre coups de force en dix-huit mois : deux au Mali, un en Guinée et le plus récent, il y a moins de dix jours, au Burkina Faso.

Ce pays devrait occuper une place importante lors du sommet qui devait débuter à 10 heures, après la visite à Ouagadougou de deux délégations (chefs d’état-major puis ministres de la région) qui ont rencontré le nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Saluant lundi des « discussions franches », la ministre ghanéenne des affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchwey, a trouvé la junte burkinabée « très ouverte aux suggestions et aux propositions » qui ont été faites par la Cédéao.

 

Elle et d’autres membres de la délégation ont pu rencontrer le président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée et qui, ont-ils dit, va « très bien ». Ils ont exigé sa libération. Le lieutenant-colonel Damiba est « calme, posé et très réceptif », confirme un diplomate ouest-africain qui l’a aussi rencontré.

Reste à savoir si cette première bonne impression permettra au Burkina Faso, suspendu des instances de la Cédéao depuis vendredi, d’éviter des sanctions plus importantes. La semaine dernière, lors de sa seule déclaration publique depuis sa prise de pouvoir, M. Damiba a assuré que son pays, en proie à des attaques djihadistes régulières depuis 2015, avait « plus que jamais besoin de ses partenaires » internationaux.

 

La junte malienne lourdement sanctionnée

 

Outre le Burkina, la situation au Mali voisin, également en proie à la violence djihadiste, sera aussi étudiée au sommet d’Accra. En janvier, la Cédéao a lourdement sanctionné la junte du colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d’Etat en août 2020 et intronisé président « de la transition » à la suite d’un second putsch, en mai 2021. Ces sanctions (fermeture des frontières de la Cédéao, embargo sur les échanges commerciaux et les transactions financières…) punissent le projet des militaires de continuer de gouverner pendant plusieurs années et l’engagement non tenu d’organiser en février des élections qui auraient ramené des civils à la tête du pays.

 

Ces derniers jours, la tension est en outre montée d’un cran entre la junte malienne et les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales « Takuba », qui lutte contre les groupes djihadistes, France en tête. Pour l’Allemagne, l’engagement militaire européen doit être réévalué après l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako. Depuis des insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012, le Mali est livré aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI), ainsi qu’aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions.

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Source : Le Monde avec AFP

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