En 2022, le président mauritanien entame sa troisième année de gouvernance. Parmi les attentes des observateurs figure en première ligne une gouvernance d’actions et de volonté politique pour la réconciliation nationale, la restauration d’un Etat de droit et de justice sociale.
2022 commence sur un air de désillusion avec le prolongement de la pandémie covid-19 et son nouveau variant exponentiel Omicron qui constitue un test important pour Ould Ghazouani pour la gestion de la crise. C’est la stratégie sanitaire du ministre de la Santé qui est pointée du doigt et au-delà les réformes du gouvernement entamées en 2021.
Parmi elles, figure en bonne place la refonte du système éducatif. Les observateurs attendent les applications des recommandations de la concertation nationale sur un système éducatif unique avec l’introduction des LN ( pulaar, sooninke et wolof) dans l’enseignement. C’est surtout la volonté politique pour la création de l’Institut pour la promotion des LN et les textes législatifs et réglementaires qui accompagnent cette nouvelle structure, qui sont pointés du doigt. Par ailleurs, les Mauritaniens ont été durement confrontés en 2021 par la hausse des prix des denrées alimentaires.
Mais avec la covid-19 toujours présente, le gouvernement devra faire avancer son mécanisme de régulation et mieux protéger ainsi les consommateurs avec d’autres mécanismes d’aide pour les ménages pauvres dans les quartiers populaires de Nouakchott et les zones rurales. Le gouvernement devra cesser de se défausser en s’appuyant sur la parole des commerçants et du patronat pour la conduite de sa politique sociale. Un volet qui est intimement lié à la nouvelle politique agricole dont l’objectif premier est l’autosuffisance alimentaire.
C’est un des points noirs de la gouvernance de Ould Ghazouani qui n’a pas rompu avec les expropriations des terres agricoles de la vallée. La problématique de la propriété foncière n’est toujours pas réglée comme en témoignent la rétrocession de 3200 ha de l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole à Feralla ainsi que l’expropriation des terres par un homme d’affaire mauritanien à N’Gawlé dans le Sud du pays.
Sans le consentement des populations concernées aucune mise en valeur des terres n’est viable dans la vallée. C’est le sentiment même du ministre des Affaires économiques qui porte cette nouvelle politique agricole qui devra amorcer un nouveau virage avec les populations locales par une concertation et une politique agricole inclusive.
Les Mauritaniens attendent des réponses sur les ministres mis en cause dans la lenteur dans l’exécution du programme élargi prioritaire de Ould Ghazouani. La sortie du mal logement pour les populations précaires notamment dans les quartiers périphériques de la capitale et des grandes villes du pays par une politique de logement social, un toit pour tous. La fin de l’insécurité routière pour limiter les accidents mortels sur les routes et de la criminalité à Nouakchott et à Nouadhibou en particulier.
C’est également la bonne répartition des richesses du pays ( le fer, l’or, le cuivre, le poisson, le pétrole et bientôt le gaz) qui est pointée par les observateurs. Le programme TAAZOUR ne suffit pas pour sortir de la pauvreté plus de 80 pour cent des mauritaniens.
Les augmentations des salaires de tous les fonctionnaires y compris les retraités devront suivre celles de la santé et de l’éducation nationale pour amortir la chute du pouvoir d’achat. Ould Ghazouani est enfin attendu sur le terrain de la politique intérieure avec en première ligne le dialogue politique dont la feuille de route est élaborée au dernier semestre de 2021 par la coordination parlementaire et les forces politiques extraparlementaires.
2022 s’annonce comme une année décisive pour jeter les premiers jalons d’une réconciliation nationale qui passe par le règlement du passif humanitaire d’une part et d’autre part par une bonne gouvernance des finances publiques qui passe par la lutte contre la gabegie et la corruption. Et pour l’opposition c’est la restauration d’un Etat de droit qui est pointée du doigt et qui devra passer par la révision du système électoral.
Enfin, censé être le gardien des libertés publiques, Ould Ghazouani a atteint le seuil de l’intolérance à Bababé et à N’Gawlé. Cette dérive autoritaire est préoccupante pour une Mauritanie apaisée.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 02 janvier 2022)
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