« Twist à Bamako » : Robert Guédiguian l’universaliste plonge dans l’histoire du socialisme malien des années 60

Avec son nouveau film, "Twist à Bamako" en salles le 5 janvier, Robert Guédiguian raconte les premiers pas du socialisme malien sur fond d'histoire d'amour.

Franceinfo – « Ce n’est pas parce que je suis Blanc que ce n’est pas mon histoire »: dans Twist à Bamako, Robert Guédiguian passe de Marseille à l’Afrique de l’Ouest pour filmer les premiers temps du socialisme malien, défendant farouchement son regard « universaliste ».

Le film s’intéresse au bouillonnement du Mali au début des années 1960 : les colons français sont partis, et un régime pétri de l’idéal socialiste tente de se mettre en place, sous la direction du premier président du pays depuis l’indépendance, Modibo Keïta. Fils d’un riche commerçant, Samba (Stéphane Bak) est un révolutionnaire convaincu, mais ses rêves vont se confronter aux réalités d’un pays traditionaliste. Le tout sur fond d’arrivée du twist dans les « maquis », les bars de nuit de Bamako, une influence occidentale dont raffole la jeunesse mais dont les dirigeants se méfient… tout comme de son amour pour Lara (Alice Da Luz), une jeune fille mariée de force dans un village.

« L’Humanité est universelle »

« Est-ce qu’en voyant ce film, on voit que c’est un Blanc qui l’a fait ? Moi, je suis sûr que non ! », a déclaré Robert Guédiguian. « Mon point de vue, ce n’est pas un point de vue de Blanc, c’est mon point de vue tout court (et) ce qui compte, c’est le résultat ». Si les questions « d’appropriation culturelle » et de l’universalité de la création ont agité ces derniers mois le monde de l’art, le cinéaste de 68 ans se veut « extrêmement clair » : « l’Humanité est universelle, (…) strictement identique partout, les cultures particulières ne sont qu’une forme ».

A ce titre, Guédiguian, Marseillais d’origine arménienne, ne se pose pas « une seconde » la question de la légitimité : « Cette histoire, je prétends qu’elle est la mienne, je le revendique. Parce qu’elle est à tout le monde ». Depuis toujours, l’auteur de Marius et Jeannette et du Promeneur du Champ-de-Mars, veut « porter le regard sur les asservissements qui demeurent« , qu’il « essaie de traquer, en Afrique comme en France ». Se revendiquant « marxiste », il donne ici à voir l’engagement pro-Français des commerçants qui craignent de perdre leurs avantages dans la révolution socialiste.

Histoire du socialisme panafricain

« Mon histoire n’est pas que celle des quartiers Nord de Marseille ou des quartiers de Paris où je vis aujourd’hui. Mon histoire est l’histoire du monde, je suis touché par ce qu’il se passe chez les Ouïghours aujourd’hui, comme j’ai été touché gamin par l’assassinat de (Patrice) Lumumba », héros de l’indépendance du Congo, à l’âge de 35 ans. Fasciné par l’histoire du socialisme panafricain, et « l’idée d’émancipation globale » qu’il portait, Guédiguian avait à coeur de remettre en lumière cette période peu explorée : « ça vaut le coup de se repencher sur ces chemins-là qui sont aujourd’hui fermés, mais ne demandent qu’à se rouvrir ».

Affiche du film "Twist à Bamako" de Robert Guédiguian (DIAPHANA DISTRIBUTION)

Tourné pour des raisons de sécurité au Sénégal, en bambara et en français, avec une équipe principalement locale, le film met en scène aussi bien des acteurs vivant en France, « et qui pour une fois se voient proposer de jouer leurs pères ou leurs grands-pères plutôt que des vendeurs de drogue », qu’en Afrique de l’Ouest. Il a été doublé en bambara et en wolof pour être offert aux télés locales qui le souhaiteront.

Twist and Shout

Twist à Bamako est aussi un film dansant, imaginé comme une bande-son pour les clichés du Malien Malick Sidibé, photographe incontournable décédé en 2016.

 

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France Télévisions Rédaction Culture

Source : Franceinfo

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