Le Calame – Samedi 27 novembre, la Maison des Jeunes de Rosso a abrité une journée culturelle pour demander que le pont, dont la première pierre sera déposée le mardi prochain et qui reliera les deux rives du Fleuve Sénégal, porte le nom de l’Emir Ely Ould Mohamed Lehbib. L’occasion de revenir sur la vie de cet homme qui porta le titre de ‘’Roi des deux rives’’.
L’émir Mohamed Lehbib Ould Amar Ould Moktar, assassiné en 1860, avait prouvé à travers l’histoire qu’il est un sage et un stratège à la fois. Son dernier mariage avait été la preuve de sa stratégie politico-militaire. Il avait épousé la reine du Walo Ndiombot M’bodj qui étendait son pouvoir sur la majeure partie du Sénégal et la rive gauche du Fleuve en particulier. Ce mariage avait donné naissance au prince Ely ou Ely Ndiombot comme l’appelaient les français. Son frère Sidi était appelé aussi appelé Sidi M’borika du nom de sa mère Mboirika mint Oumeir. Les autres fils du pieux et érudit Emir Mohamd Lehbib étaient appelés: Oulad Fatma du nom de leur mère Fatma mint Mhammed ould Sid’Ahmed, le chef général des Awlad Damane.
Vice-émir puis émir
Ely avait passé toute son enfance au royaume de sa mère ou il avait été initié aux rites et coutumes locales. Il n’a rejoint le « Mahsar » (le campement émiral) qu’après la mort de son père. Le petit wolof, qui était arrivé en Mauritanie ne pipant pas un mot de Hassanya, s’était transformé pour s’insérer très rapidement dans la vie du Mahsar et devenir un maure àpart entière. C’est à dire maîtrisant l’Hassanya et la partie utile de l’Arabe. Il a très vite appris le Coran et une grande partie du « Figh ». A l’âge de onze ans, il était déjà poète. Son frère Sidi l’initia très tôt aux enseignements de la gestion de l’émirat après l’avoir entraîné à l’éducation guerrière, le rapprochant plus que ses autres frères.
On constata très tôt ses capacités intellectuelles et son savoir-faire. Ce qui lui avait suscité un élan de sympathie non seulement au niveau de la tribu émirale mais dans la majeure partie des autres tribus de l’émirat. Sous Sidi, Ely, très apprécié par les sujets de la courémirale, était le vice-émir de fait. On lui soumettait déjà pas mal de dossiers à traiter. Chose qu’il avait toujours réussie, selon les personnes ressources de sa tribu. A cette époque, les services de renseignement français avaient commencé leur percée pour disloquer l’émirat afin de coloniser le pays. Ils avaient,à l’aide de leurs agents infiltrés dans l’émirat, commencé à manigancer les assassinats inter-tribaux et inter-familiaux au niveau des familles émirales.
Ahmed Salem ould Mohamd Lehbib succéderaà Sidi, assassiné lui aussi mais par ses frères cette fois en 1871.Ely va succéderà Ahmed Salem en 1872, au grand bonheur des Terrouzis car il était déjà très populaire. Ses premières décisions, une fois au pouvoir, n’avaient pas manqué de hausser son image de marque déjà haute et sa grande popularité. Il avait décidé que tout le volet social soit à la charge émirale.
Durant son règne, aucun nouveau marié n’a versé de dot. Aucune mère de nouvelle mariée n’a doté les parents de son gendre de ce qui est dû. Le matériel des nouvelles mariées, leurs dots, la « Diya »(somme versée par celui qui commet un meurtre en guise de compensation) sont tous versés par Ely.
Son assassinat, une erreur
Durant son règne, la justice qui prévalait depuis toujours au Trarza s’est renforcée. Comme l’avait dit Ould Heddar dans son célèbre poème: « Ma Yegdir Had Inaghas Had » (personne n’osait déranger une autre durant le règne de l’Emir Ely). Il prévoyait de fonder un royaume qui englobe le Walo et plusieurs parties de la Mauritanie. C’est pourquoi il avait convoqué la célèbre conférence de Satara dont l’organisation avait été confiée au fameux chef d’El khalva El Kahla (la cavalerie noire), N’diak ould Diebegdine. Ce dernier avait dressé une centaine de tentesà l’ancien Satara qui se trouve à l’actuel emplacement de l’I.S.E.T de Rosso.
Tous les Emirs et chefs des tribus guerrières de la Mauritanie ainsi que les chefs du Walo et du Fouta y avaient été invités. Des centaines de moutons, de chameaux et de bœufs avaient été égorgés pour l’occasion. Durant cette importante et unique conférence de l’histoire du pays, la plupart de ces leaders avaient accepté d’introniser l’Emir Ely comme roi. Cela n’avait pas plu aux colons du Sénégal qui voulaitune rapide pénétration en Mauritanie. Malheureusement Ely sera assassiné pendant son sommeil avec sa femme Meghboula et son bébé de trois mois…C’était en 1886.
Mosy
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Source : Le Calame