Mauritanie : un plaidoyer pour l’officialisation des LN qui relance la problématique culturelle depuis 1960

Avec la concertation nationale qui se profile à l’horizon, les observateurs reviennent cette fin de semaine sur l’important plaidoyer des associations culturelles nationales (Pulaar, Sooninké et Wolof) pour l’officialisation des LN et leur réintégration dans le système éducatif, et dont les conclusions rendues publiques début septembre dernier, sont largement relayées par les réseaux sociaux et les rédactions nationales.

Dans un contexte politique apaisé où le président mauritanien poursuit sa normalisation avec l’opposition et une ouverture à la concertation nationale qui fait l’unanimité au sein de la classe politique toutes tendances confondues et la société civile, un plaidoyer pour l’officialisation des langues nationales peut avoir toutes les chances de devenir une réalité pour mettre fin ainsi à plus de 60 ans de négation des cultures négro-mauritaniennes. C’est conscient de leur rôle d’avant-garde de la diversité mauritanienne que la coordination des associations culturelles nationales ( Pulaar, Sooninké et Wolof) plaide pour l’officialisation de ces langues au même titre que l’arabe et leur intégration dans le système éducatif mauritanien. C’est une revendication qui ne date pas d’aujourd’hui. Les politiques linguistiques appliquées depuis 1960 polarisent les différentes communautés.

Des tensions intercommunautaires qui perdurent et qui ont amené le génocidaire Ould Taya à tailler une constitution en 1991 pour la reconnaissance du Pulaar, du Sooniké et du Wolof comme langues nationales avec l’arabe comme seule langue officielle. Un choix politique qui ne règle pas juridiquement la bonne cohabitation entre les différentes composantes nationales à laquelle appelle de tous ces vœux les associations culturelles négro-mauritaniennes qui s’appuient sur les statuts de l’Académie africaine des Langues de l’UA, la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminations qui recommandent aux autorités de Nouakchott «  qu’à côté de la langue arabe, le statut constitutionnel de langue officielle soit également conféré au pulaar, sooninké et wolof.

La coordination mauritanienne part du principe que toutes les réformes depuis 1960 ont échoué sauf peut-être celle de 1979 avec la création de l’Institut des Langues Nationales qui a réussi son expérimentation dans l’enseignement de ces langues à l’école, saluée par l’UNESCO et les Etats voisins en particulier le Mali et le Sénégal qui se sont inspirés de ce modèle. Malheureusement cette dynamique culturelle a été interrompue en 1999 sous le régime génocidaire de Ould Taya dont le seul objectif est la dé-négrification de la Mauritanie. Et depuis l’enseignement des langues nationales est confié au rang de spécialité au niveau de l’Université de Nouakchott.

Incontestablement les nouvelles technologies de l’Information et de la Communication plaident en faveur de ces langues qui n’ont plus besoin de prouver leurs capacités à véhiculer les sciences et les techniques avec des moteurs de recherche Google et le navigateur Firefox de Mozilla et par Facebook qui permettent aux utilisateurs de surfer sur le Net.

La problématique culturelle est donc politique. Il s’agit de dépasser les simples vœux pieux des assises nationales de 2016 pour espérer que les participants à la prochaine concertation nationale exigent l’officialisation immédiate des langues nationales et leur introduction dans le système éducatif. Ce qui permettra à la Mauritanie de rattraper son retard par rapport au Maroc qui a réformé sa constitution en officialisant la langue berbère l’Amazighe généralisant son usage dans l’administration et à l’école et également l’Algérie qui a même créé une académie de la langue Amazighe rattachée à la présidence.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 03 octobre 2021)

 

 

 

 

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