
Les coups d’Etat militaires au Mal au Tchad et en Guinée relancent la problématique des transitions militaires en Afrique. Trois exemples les plus récents qui pointent la violation de la constitution dans ces Etats pour légitimer une transition démocratique à laquelle aspirent les peuples et rarement réussie par les putschistes qui veulent rester au pouvoir.
Plus de 60 ans après les indépendances, les coups d’Etat militaires sont de retour. Le coup de force en Guinée est le plus récent et apparaît comme le test le plus subtil dans la phase de la transition démocratique qui semble obéir à un schéma classique des putschistes avec une variante plus structurée des organes de transition. En créant une charte qui officialise la présidence du pays par le colonel Doumbouya et met en place la suprématie d’un comité national pour le rassemblement et le développement et assisté d’un conseil national de transition, les Guinéens peuvent dire adieu à des élections qui respectent le délai de principe de la CEDEAO et de l’UA en 2022. Le nouvel homme fort guinéen veut gagner du temps pour mettre à profit les nouvelles réformes constitutionnelles attendues par cette nouvelle législation.
Cette même incertitude est visible au Mali où l’affaire Wagner ou mercenaires russes ravive la tension entre Paris et Bamako. La mise en garde de la France contre un tel choix du colonel Goïta, pourrait retarder le processus de transition démocratique et isoler le Mali de la communauté internationale voire de ses voisins et entraînerait ipso facto le départ définitif de la France du Mali. Cette perte de confiance entre les deux pays bouscule toutes les prévisions. Les élections de février 2022 pourraient être prolongées comme au Tchad où l’armée qui assure la continuité de la dynastie Déby, confisque la transition après trois mois du coup d’Etat. Le nouvel homme fort tchadien, fils d’Idriss Déby détient tous les pouvoirs.
Contrairement au Mali et la Guinée, la charte tchadienne n’exclut pas la participation des militaires aux prochaines élections contrairement aux principes de la CEDEAO et de l’UA et aux injonctions de Paris. Ces trois exemples montrent que les putschistes, à quelques différences près, ont pris goût au pouvoir et y veulent rester avec des élections qu’ils sont sûr de gagner et légitimer ainsi leur coup de force. C’est un signal fort que la formule utilisée par les putschistes de la remise du pouvoir aux civils est la traduction d’une feuille de route biaisée à la démocratisation. C’est le processus de consolidation de la démocratie en Afrique qui est pointé du doigt et qui ne pourra être réglé que par des parlements forts qui limitent les mandats présidentiels et la restauration de la sécurité. C’est le chaînon manquant des transitions militaires.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 01 octobre 2021)
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