LA MAURITANIE DOIT SORTIR DE SA NEUTRALITÉ ET SOUTENIR OUVERTEMENT LE DROIT DU PEUPLE SAHRAOUI-FRÈRE À L’AUTODÉTERMINATION

Aujourd’hui, en Mauritanie, on parle encore et toujours du conflit du Sahara Occidental. On n’en parle tellement que nos officiels en sont devenus muets au point de se contenter de son diminutif, «sahara», comme il plait tant au Maroc de le désigner !

Il faut dire que si nos vaillants militaires ont tiré la Mauritanie de l’état végétatif clinique dans lequel elle se trouvait en 1978, il n’en demeure pas moins qu’ils l’ont placé, par rapport à ce conflit, dans un état captif, spectateur, dépouillé de toute initiative et à la merci du Maroc et de l’Algérie.

La preuve, si preuve est nécessaire à cet égard, c’est la reconnaissance de la RASD, laquelle est restée sans aucune conséquence, somnolente dans l’informel, voire tout simplement fictive : pas d’ambassadeurs; pas de représentations diplomatiques officielles … rien !

Pourtant la Mauritanie a tellement sacrifié, tellement payé, tellement renoncé, que sa position n’aurait due pas être cela. Et pour causes. D’abord, la raison pour laquelle elle s’était aveuglement enfoncé dans la guerre reposait sur le fait que la population du Sahara Occidental fait partie intégrante de «Bilad Elbidhans».

Partant de cette vérité historique, la Mauritanie aurait due prendre une position active visant à chercher une solution qui permet au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination, suivant les multiples résolutions des Nations-Unies, notamment la résolution 1514 de 1960.

Évidemment, ce droit à l’autodétermination du peuple sahraoui inclus et comprend aussi son droit de choisir librement de se rattacher à la Mauritanie.

Car, la Mauritanie est le coupole de la civilisation d’El’Bidhanes, le rempart de leurs menaces, leur refuge, mais aussi et surtout leur «terre promise».

Dans ce processus d’auto-émancipation, il est donc tout à fait normal et naturel que le peuple sahraoui frère ait la possibilité de réaffirmer cette réalité socioculturelle et géographique historique.

Si dans les moments de vérité, le Maroc a pris son courage à deux mains pour dire haut et fort qu’il est le «frère» du Sénégal et «l’ami» de la Mauritanie, pourquoi celle-ci ne dit pas aujourd’hui avec fierté que les sahraouis sont des frères de sang, de religion, de langue, de culture, de mœurs, de traditions … et j’en passe, et qu’il est de son devoir de les supporter dans l’affirmation de leur droit?

D’autant plus que sur le plan pratique, la neutralité n’est plus tenable pour la Mauritanie: chaque jour vient avec son lot de sensibilités, de suspicions avec lesquelles elle doit jongler sur la corde raide.

Un jour c’est un journaliste marocain qui s’est transformé en diplomate! Le jour après c’est un diplomate algérien qui s’est transformé en journaliste!

Et dans cette galère, la Mauritanie continue de marcher sur des œufs, alors qu’aucun des belligérants ne cherche sérieusement à solutionner ce conflit. Conflit qui lui pèse lourdement et altère sérieusement les horizons de son développement économique et social

En conclusion, la position de la «neutralité positive» n’est plus tenable pour la Mauritanie. Elle l’a placé de fait dans une position de domesticité vis à vis du Maroc et de l’Algérie. En outre, cette neutralité a démontré son hypocrisie, sa fausseté, son inefficacité et bien sûr ses limites. Si bien qu’elle est dépassée par la réalité géopolitique de la sous-région, dans laquelle la Mauritanie jouit aujourd’hui d’un nouveau statut par opposition au statut de «maillon faible» dans lequel elle était.

Oui, il faut le dire avec fierté et modestie, la Mauritanie d’aujourd’hui est un pays qui se respecte, qui ose, qui se décomplexe et qui s’assume pleinement dans la défense de ses intérêts stratégiques. Un tel statut doit se matérialiser par un impact positif et ACTIF de sa diplomatie, laquelle a encore de la difficulté à se mettre à niveau.

Maître Takioullah Eidda, avocat
Bir-Oumgrein

(Reçu à Kassataya 08 novembre 2019)

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