Initiatives News – Les mutilations génitales féminines (MGF) restent jusque là une pratique courante aussi bien en milieu rural qui avait polarisé depuis quelques années toutes les initiatives de sensibilisations, qu’en milieu urbain, plus précisément à Nouakchott qui est devenu pour des raisons multiples liées entre autres aux différentes migrations des populations encore chevillées à cette pratique.
Des alliances stratégiques
Même si les différentes stratégies menées jusque là ont tenté de ralentir sa pratique à défaut de l’éradiquer, il n’en demeure pas moins que les croyances et autres convictions tirées des traditions persistent et annihilent en clandestinité les efforts fournis. En effet avec un taux de prévalence de 72% en 2010 frôle aujourd’hui en 2021 le seuil de 66% selon l’ONG ACTIONS dont l’expertise dans le domaine depuis 20ans n’est plus à démontrer.
Au regard de la persistance de la pratique, en plus des séances de sensibilisation habituelles à travers les medias, les réseaux sociaux et d’autres supports de communication, l’ONG Actions et partenaires ont mis en place un programme intitulé « bâtir des ponts entre l’Afrique et l’Europe pour mettre fin aux MGF ».
Ce programme qui englobe cinq pays africains dont la Mauritanie comprend en outre la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal coordonnée par AIDOS avec le soutien du programme conjoint UNFPA (fond des nations unis pour la population et l’UNICEF (fond des nations unis pour l’enfance) d’unepart, et d’autre part par l’initiative « SPOTLIGHT» dans le cadre de l’élimination des violences à l’égard des femmes.
Ce programme qui a permis, par une approche participative de mettre à contribution les organisations de la société civile (OSC) de niveau 1, de faire un maillage complet des neuf moughataas de Nouakchott. Au cours de ces actions de sensibilisation les langues se sont déliées en laissant apparaitre des témoignages poignants sur la pratique qu’on croyait révolue dans la capitale avec son mode de vie aux relents modernes et insoupçonnés.En effet, les exciseuses soutiennent certaines femmes, impunément, avec la complicité des populations s’adonnent allégrement à la pratique, sans retenue dans le silence des domiciles qui ne laissent fuser que les cris douloureux des victimes innocentes qui si par chance elles s’en sortent vivantes, resteront à jamais marquées par différents traumatismes qui les tenaillent durant toute leur vie.
En multipliant les partenaires qui connaissent et maitrisent bien les codes de leur environnement, dans une dynamique proximité fondée sur un style simple de communication, la secrétaire Générale de l’ONG ACTIONS Yakharé Soumaré en charge de ce volet ne cache pas son optimisme de voir des progrès significatifs qui contribueront à une baisse drastique du taux de prévalence. Car poursuit elle, l’implication des medias, des leaders religieux et surtout la volonté politique constituent des sources de motivation qui viennent corroborer les soutiens des partenaires financiers et stratégiques .Toutes choses qui par ailleurs contribuent à changer les comportements réfractaires encore ‘têtus comme les faits » ajoutera –t- elle.
Encore des efforts de sensibilisation
Les mutilations génitales féminines, bien qu’elles soient interdites, sont également l’expression des stéréotypes liés au sexe profondément enracinés et inhérents aux communautés patriarcales qui ne cessent de d’imposer leur pouvoir aux femmes .aussi d’une communauté à une autre les raisons sont diverses et variées dans le maintien de sa pratique. Pour ces raisons qui restent liées aux dimensions socio culturelles, les acteurs de la société civile jugent à leur juste valeur le chemin à parcourir, les stratégies à administrer et à innover et les pratiques à capitaliser face aux différentes des MGF qui portent préjudice à court et à long terme sur la santé des filles.
Ainsi , pour Yakharé Soumaré , l’implication de tous les segments de la société devient un impératif, une exigence communautaire pour continuer de soutenir les efforts de sensibilisation dans la perspective de réduire au strict minimum cette pratique violente, agressive qui musèle la femme alors que celle-ci ,en plus de son intégrité physique à respecter doit jouir de tous les avantages que lui offre la vie.
Amy Fofana
Source : Initiatives News (Le 19 septembre 2021)
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