Cinéma soudanais – La nouvelle vague qui vient

Pendant plus de trois décennies, le régime d’Omar Al-Bachir a muselé toute forme d’expression artistique au Soudan. Mais la révolution de 2019 a changé les choses : il y a maintenant plus de liberté pour la création, notamment dans la production cinématographique qui a une longue histoire dans le pays.

Orientxxi.info – Sur le toit du centre culturel d’Omdurman, située de l’autre côté du Nil face à Khartoum, il y a plusieurs rangées de chaises installées dehors. Au fond, on trouve un grand écran et des enceintes derrière lesquels se dessinent les silhouettes des palmiers et des maisons. La projection du film commence et les spectateurs continuent d’affluer. Tous les samedis, un groupe de cinéastes montre un film dans ce lieu, et ce soir c’est Thelma et Louise, un classique de Ridley Scott réalisé dans les années 1990.

« C’était impensable avant. Vous ne pouviez pas projeter de films comme celui-ci quand les kizan [les hommes de main du régime] contrôlaient tout » rappelle Rahiem Shadad, un spectateur présent. Avec eux, Omar Al-Bachir a dirigé le Soudan pendant près de trente ans et a imposé un contrôle strict du pays. « Les artistes et toutes les personnes travaillant dans les milieux culturels à cette époque étaient stigmatisés », explique Ruba El-Melik, chercheuse spécialisée dans les études culturelles.

Histoires de liberté

Depuis, le Soudan a connu une révolution pacifique qui a débuté en décembre 2018 et s’est achevée par un coup d’État militaire en avril 2019. Omar Al-Bachir a été évincé et son régime remplacé par un Conseil de transition rassemblant militaires et civils. Une plus grande liberté a suivi, notamment dans le domaine culturel et artistique, même si de nombreux défis subsistent.

En 2020, le premier long métrage tourné au Soudan depuis vingt ans est sorti en salle. Tu mourras à 20 ans est basé sur la nouvelle de Hammour Ziada intitulée Sleeping at the Foot of the Mountain qui raconte l’histoire de Muzamil, un jeune garçon d’un village du centre du Soudan, hanté par la prophétie selon laquelle il mourra à l’âge de vingt ans. « Je dis beaucoup de choses à travers Muzamil dans le film. Je parle du citoyen soudanais et de sa relation avec les autorités, la religion et la société », explique le réalisateur Amjad Abu Alala. « Mais je ne dis pas les choses de manière directe. Je veux que les gens voient dans le film ce qu’ils peuvent avec leur propre vécu. »

Amjad Abu Alala réside au Caire, mais a grandi au Qatar après avoir passé une partie de son enfance au Soudan, dans la région agricole centrale d’Al-Jazirah où se déroule le film. La scénographie est magnifique, avec de vastes paysages désertiques et des villages agricoles. Dans une scène emblématique, Muzamil est enfermé dans une grande malle par un groupe d’enfants. « Le film parle de la liberté. Que chacun est libre de suivre son propre chemin, qu’il n’y a pas de destin prédéterminé », explique Abu Alala.

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Source : Orientxxi.info

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