
Courrier international – Suite au coup d’État mené par le commandant guinéen Mamady Doumbouya, dimanche 5 septembre, la communauté internationale a condamné unanimement la prise de pouvoir militaire. En Guinée, l’éviction du président Alpha Condé est pourtant bien accueillie, note la revue de presse Afrique de RFI.
La condamnation unanime de la communauté internationale malgré la fête dans les rues de Conakry, c’est toute l’ambiguïté du coup d’État militaire mené par le commandant Mamady Doumbouya, ce dimanche 5 septembre en Guinée.
“Le contraste est patent”, souligne Le Djely. Les communiqués de la communauté internationale – des Nations unies à la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest), en passant par l’Union africaine, les États-Unis et la France – dénoncent l’arrestation du président Alpha Condé. Mais à l’intérieur du pays, “les entités sociales et politiques, les unes après les autres, admettent et saluent l’acte posé par le Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD)” :
Du Front national pour la défense de la constitution, la plateforme qui s’est opposée au troisième mandat du président déchu, au Conseil national des organisations de la société civile, en passant par l’UFDG–ANAD de l’opposant Cellou Dalein Diallo, le ton est sensiblement le même, à savoir qu’on salue le coup d’État perçu comme un acte libérateur.”
Cette situation n’a en réalité rien de surprenant, poursuit Le Djely :
Comment s’étonner que ceux qui, de l’intérieur, subissaient le martyre ne puissent pas avoir du coup d’État un point de vue opposé à celui de ceux qui, de l’extérieur, n’ont jamais tenu compte de la gravité de la situation ?”
Pour en finir avec les coups d’État sur le continent africain, les instances sous-régionales et panafricaines devraient “sortir de la logique de la solidarité mécanique entre les présidents”, affirme le site qui note la défiance des populations envers des institutions africaines et internationales incapables de rappeler à l’ordre les présidents à tendance autocratique.
La CEDEAO et l’Union Africaine dans le viseur
Le journal burkinabé Le Pays pointe tout particulièrement la responsabilité de l’Union Africaine et de la CEDEAO, “incapable de défendre sa Charte de la démocratie et de la bonne gouvernance auprès des chefs d’État”.
La situation est “d’autant plus désespérante” que les institutions sous-régionales ou même continentale comme l’Union africaine, semblent elles aussi “impuissantes à se faire respecter”, poursuit le quotidien :
En ne respectant pas les règles du jeu démocratique, les chefs d’État africains sont en train de dérouler le tapis rouge aux militaires pour un retour en force sur le devant de la scène politique.”
Le “disque rayé” de la condamnation des coups d’État militaire ne sert à rien, abonde le Wakat Séra. Le journal burkinabé estime que la condamnation des “brimades subies au quotidien par le peuple, le musellement de la presse, l’embastillement des opposants, la répression de manifestations aux mains nues, l’asphyxie de la société civile, la mauvaise gouvernance et les coups d’États constitutionnels”, aiderait davantage les populations locales dans leur aspiration démocratique.
Frédéric Couteau
Source : Courrier international
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