Guinée : le coup d’État du lieutenant-colonel Doumbouya relance la problématique du troisième mandat en Afrique

Après 48 heures du coup de force du chef des forces spéciales guinéennes, le lieutenant-colonel Doumbouya, les observateurs s’interrogent sur la problématique du troisième mandat en Afrique.

Secret de Polichinelle. Depuis deux décennies, l’Afrique ne compte plus le nombre de chefs d’Etat après leurs deux mandats qui tripatouillent la constitution pour un troisième mandat. Parmi les plus connus. Le président guinéen Alpha Condé qui n’ira pas jusqu’au bout, le président ivoirien Alassane Ouattara en exercice, l’ancien président mauritanien Ould Aziz dont l’ambition a été vite canalisée par l’opposition, la société civile et la pression internationale. La Guinée et la Côte d’Ivoire sont en première ligne de cette confiscation du pouvoir après deux mandats comme paradigme normal de gouvernance.

Deux pays francophones qui tiennent le haut du pavé des dérives autoritaires qui font mal à la démocratie dans la sous-région africaine. Le premier pays pourtant le premier à dire non aux indépendances faciles africaines octroyées par le Général De Gaulle. Plus de 60 ans après, quatre coups d’Etat militaires et de multitudes de tentatives avortées. Ancien opposant historique, Alpha Condé a été élu démocratiquement en 2010 pour remplacer le putschiste Lansana Conté décédé en 2008.

Réélu en 2015 avant d’adopter une nouvelle constitution en 2019 favorable à un troisième mandat. Et c’est le même cheminement que son homologue ivoirien Alassane Ouattara qui avait renoncé au troisième mandat avant de changer la constitution pour rester au pouvoir. Et l’histoire retiendra que ces deux présidents étaient les seuls présidents africains présents aux dernières cérémonies du 14 juillet en France. Une occasion pour les deux chefs d’Etat de demander la permission à Papa Macron.

C’est un des paradoxes du troisième mandat en Afrique surtout dans cette partie appelée Françafrique où la France est appelée à tirer des leçons sur ses relations bilatérales avec ses anciennes colonies. C’est l’Europe, les Etats-Unis, la Chine, la Russie qui sont également pointés du doigt par les observateurs qui s’interrogent sur tous ces pays africains qui font de l’arbitraire le fondement de leur gouvernance.

Le troisième mandat est une violation de la constitution et un frein à l’alternance démocratique assurée par la limitation législative des mandats présidentiels comme en témoignent les exemples les plus récents de la RDC en 2019, la Sierra Leone en 2018, le Libéria en 2017 où l’opposition est arrivée au pouvoir. Les populations africaines sont les premières victimes de ce syndrome d’un mandat de trop.

En 2019, les ressortissants guinéens sont les deuxièmes demandeurs d’asile en France et la première parmi les mineurs non accompagnés. Un plaidoyer en faveur des putschistes et un réquisitoire contre Alpha Condé qui n’a pas su relever le défi de la pauvreté et de la démocratie.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 07 septembre  2021)

 

 

 

 

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