Le CICR, à travers son programme Missing, travaille avec les familles des victimes pour les aider à retrouver leurs proches disparus.
Cinq ans d’angoisse et de souffrances, c’est ce que vit Abdoulaye, la cinquantaine et handicapé d’un bras qui est sans nouvelles de son frère.
« Nous étions aux champs quand mon frère est venu me dire qu’il partait accompagner quelqu’un dans une localité voisine. Le temps d’aller et revenir, on nous a rapporté qu’il avait été arrêté par des hommes armés. J’ai fait beaucoup de recherches dans les gendarmeries, les commissariats et autres… mais sans succès. Avec mon handicap, j’ai épuisé tout ce que j’avais comme ressources. Je suis épuisé », témoigne-t-il.
Depuis le début de la crise en 2014, des milliers de personnes ont disparu dans cette région située dans le Nord du Cameroun.
A travers le programme « Missing », le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) travaille sur les données disponibles pour aider ces familles à retrouver leurs proches ou à découvrir ce qui leur est arrivé.
Selon Kouamé Noel Adjoumani, délégué au projet Missing, « les familles se posent beaucoup des questions sur le sort de leur proches. Qu’est-ce qu’elles-même pourraient faire pour avoir des nouvelles ? Et beaucoup d’autres questions sur le plan administratif, juridique et autres. Le CICR a décidé de mettre sur pied un programme d’accompagnement des familles des personnes portées disparues qui va essayer de soutenir ces familles afin de trouver la réponse. Mais aussi pour les aider à se relever économiquement et psychologiquement ».
De longues recherches parfois infructueuses font que certaines familles finissent parfois par perdre espoir.
Ambiance lourde
A Doublé-Magdemé ce matin, l’ambiance est lourde. Une cérémonie mortuaire présidée par des marabouts en hommage aux disparus se tient sur l’esplanade de la mosquée. Tout le village y est réuni.
« C’est un sacrifice à la mémoire de tous nos membres de famille qui ont disparu il y a des années déjà. Cette cérémonie d’aujourd’hui, il faut le souligner, n’est pas organisée pour donner un quelconque espoir aux familles victimes. C’est un sacrifice pour la paix, pour dire définitivement adieu à toutes ces personnes disparues », témoigne Amadou, le chef des marabouts.
Mais Djenabou ne veut pas perdre espoir. Cette femme de 45 ans est sans nouvelles de son fils depuis sept ans.
« J’ai vécu cette cérémonie, pas pour dire adieu à mon fils, mais pour demander à Dieu de me le ramener. Je garde espoir, je sais dans mon cœur que mon enfant est encore en vie ».
En ce jour de commémoration, les pays en crise sont appelés à prendre des dispositions afin de prévenir ces disparitions forcées. Mais aussi pour mieux informer les familles sur le sort de leurs proches.
Elisabeth Asen
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
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