Sénégal : le phénomène Koukandé, le miroir de nos insuffisances et de nos démissions

Le Sénégal est partagé depuis quelques semaines par la promesse d’un marabout de fendre l’Océan à la veille de la fête du nouvel an musulman comme le fit autrefois Moïse traversant la Mer Rouge pour la terre promise. Dans cette contribution, Marem KANTE s’étonne comment le peuple de Senghor a grandement cru à cette “farce” et s’interroge sur le rôle des médias qui ont amplifié le phénomène.

La symphonie des crapauds. Un nouvel air musical chanté sur toutes les ondes médiatiques. Le dernier tube qui a fait tabac est le phénomène Koukandé. Une cacophonie assourdissante à la une des hit-parades.

Telle est la situation sociale du Sénégal de 2021. Eh oui ! Depuis un certain temps, les citoyens sont victimes pour ne pas dire complices de phénomènes récurrents diffusés en boucle sur tous les canaux de communication, à savoir  les réseaux sociaux, les télévisions, dans les salons privés et places publiques.

Ils font l’apologie de la médiocrité et de la crétinisation. Certains sont des followers, d’autres sont les bras armés de rats d’égouts puisque ce sont eux qui les ont fait sortir des profondeurs de la puanteur pour venir polluer l’air sain des citoyens.

Mais qui connaît la vraie symphonie sait que cette note sonne faux à l’oreille.

Elle perturbe l’esprit plutôt que de l’élever.

Bon sang Sénégal !

Vers quel horizon mène t-on ta barque ?

Dans une société normalement constituée, les citoyens se doivent de vivre en harmonie dans le respect des codes préétablis entre eux. Le droit et le devoir s’imposent afin que tout un chacun sache la place qu’il occupe et le rôle qu’il doit jouer dans la cité.

Étymologiquement parlant, c’est la société qui façonne l’humain. Ce dernier puise son humanisme dans les codes préétablis par la société sinon ce qualificatif ne lui serait pas attribué car il serait alors classé dans la catégorie des créatures de la jungle où la loi du plus fort dicte sa volonté aux plus faibles et le plus rusé utilise son verbe pour épater et tromper la conscience des ignares.

L’intelligence au service de la communauté est un devoir citoyen.

Que l’on soit président de la république, marabout, guide religieux, ouvrier, enseignant, directeur de société, ministre ou simple citoyen, médecin, sportif, agriculteur, le savoir se doit d’être au service de l’autre. C’est ça qui fait une société humainement constituée.

Pourquoi les médias et la population ont donné temps d’importance à ce phénomène koukandé ? C’est parce que tout simplement ce phénomène est juste le miroir de nos insuffisances et de nos  démissions.

Nous ne sommes pas sans savoir que depuis un certain temps, le vécu quotidien sénégalais est rythmé par la symphonie des crapauds !

Quand l’opposant et l’activiste utilisent la terreur et la ruse pour atteindre leurs objectifs. Quand ils nous font croire que le pouvoir est l’ennemi du peuple.

Quand la casse et le vandalisme deviennent le moyen de revendiquer ses droits. Le bien d’autrui saccagé.

Quand le pourfendeur habille le mensonge en vérité.

Quand le temple du savoir est devenu un théâtre de violence et de coups foireux.

Quand des citoyens piétinent et enfoncent le dur labeur d’honnêtes citoyens en inventant et conspirant des mensonges derrière leur dos.

Les crapauds sont à l’œuvre !

Quand nous nous prétendons croyants soumis mais que nous faisons l’apologie des charlatans et bonimenteurs.

Quand nous embrassons des mœurs d’ailleurs et les défendons becs et ongles en désacralisant nos vraies valeurs. Et de surcroît, un soi-disant lobby interdit d’en parler.

Les crapauds sont à l’œuvre !

Quand nous mettons plus l’accent sur ce qui nuit à la société plutôt que ce qui la sert. Quand la jeunesse devenue agressive, ne respecte plus les codes préétablis. Quand elle sert de rempart aux fourberies.

Quand nos enfants prennent pour idoles ceux qui n’ont même le niveau d’intelligence requis. Quand les médias et réseaux sociaux préfèrent promouvoir la crétinisation plutôt que l’éducation et l’excellence.

Quand les rats sortent des égouts, se sucrent dans la sueur et le pain de l’honnête citoyen.

Bon sang Sénégal !

Vers quel horizon mène t-on ta barque ?

L’enjeu pour un Sénégal émergent ne se trouve ni dans la diversion et la crétinisation, ni dans la diffamation et le mensonge.

Les vrais défis de ce pays se trouvent dans la mutualisation des énergies positives et des forces vives de la Nation pour ensemble hisser haut le drapeau tricolore.

En marge de toutes ces médiocrité et crétinisation qui polluent l’atmosphère sénégalaise, à côté de cette symphonie de crapauds qui a réussi à orienter le regard de la plupart des citoyens surtout celui de la jeunesse vers le voyeurisme et le négatif, le Sénégal reste un magnifique pays pour ceux qui ont les yeux pour contempler et qui ont soif de connaissance pour explorer sa beauté dans tous ses contours.

Il y’a tellement de beaux endroits à nous faire découvrir sur les tabloïds, tellement de merveilleux talents et prodiges à encourager sur les grands écrans, tellement d’énergies positives qui n’attendent juste qu’à rendre service à la communauté.

La Téranga sénégalaise est un incroyable Label, elle englobe toutes les formes de la société. Nous avons tout pour se sentir heureux et fier d’appartenir à ce pays. La terre bénie de nos aïeuls, la patrie des fiers citoyens et dignes fils de la Nation.

Arrêtons cette symphonie assourdissante

Nos cœurs souffrent d’obscurantisme et de médiocrité imposés à longueur de journée.

Le peuple a soif de savoir pour s’élever.

Le peuple a soif de gaieté pour s’émerveiller.

Le peuple a soif de reconnaissance pour s’éclore.

Le peuple a soif de paix et d’amour pour vivre en harmonie.

Ô âmes sacrées ! Qui est koukandé pour se permettre de défier le Divin?

Qui sont-ils pour se permettre de désacraliser nos valeurs ? Qui peut se cacher de Lui?

Il est plus près de nous que notre veine jugulaire. Mais jusqu’à présent, il y’ en a qui doutent de Son Omniscience et Omniprésence.

Car, l’homme est par nature un être rebel, diffamateur, de surcroît hautain et suffisant. Ne vaut-il pas mieux quand on a fauté, menti, volé, usurpé, calomnié, se repentir et Lui demander pardon ?! S’humilier devant Sa Souveraineté – Sa Puissance ? Puisqu’Il est très Généreux et Grand Pardonneur. Toutes louange et gloire reviennent à Lui Seul.

Je crois fermement en Sa Capacité de commander l’océan (Sa création) de Son bon vouloir qu’en la « prédiction de koukandé ». Et, je vous mets au défi de vous boucher le nez pendant 10 minutes et vous saurez de qui vous dépendez.

Ô âmes sacrées !

Tout est au nom d’Allah le Tout Miséricordieux et le Très Miséricordieux.

Il Englobe et Embrasse tout. Seuls les doués d’intelligence …le savent.

Alors à eux d’aider ceux qui ne savent pas pour rétablir l’harmonie dans la Cité et l’Eprit.

Puisse Dieu nous pardonner nos égarements.

Puisse Dieu nous mettre à l’abri du Mal et des Maléfices du phénomène koukandé. Amine.

En cette Nouvelle Année 1443 du Calendrier Musulman, prions afin que nos espérances pour un Sénégal fier et prospère portent les fruits de Sa Grâce infinie. Amen.

Paix et Salut sur Ses Envoyés – Ses Élus et Ses Serviteurs soumis dont la mission est de guider les âmes égarées vers le droit chemin.

Ps. Aujourd’hui, le sacré est devenu sujet tabou. Chut !!! il ne faut pas en parler. Que nenni ! N’ayons pas honte et peur de faire l’apologie du Sacré, Celui émanant du Divin.

———

Revendiquer ma non-appartenance à cette fourberie est mon droit “le plus absolu”, car proclamer ce que je suis est « mon identité ». Et par cette voie, je cherche l’élévation.

One love !

 

 

Plume de Citoyenne

Marem KANTE

 

 

Source : Financial Afrik (Le 20 août 2021)

 

 

 

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