Mali : le volte- face de Paris au Sahel, un retour au realpolitik de l’Elysée

C’est la reprise de la coopération française avec les forces maliennes après un mois de suspension qui focalise l’attention des observateurs cette fin de semaine. Un volte-face attendu par les observateurs au regard du dispositif Barkhane qui ne peut pas tourner le dos au Mali dans un contexte de crise politique et du regain des attaques meurtrières des jihadistes dans les trois frontières ( Mali, Burkina Faso et Niger).

Finalement la suspension de la coopération militaire bilatérale avec le Mali n’aura duré qu’un mois au cours duquel Paris a certainement obtenu du nouveau président de la transition démocratique le colonel Goïta des assurances pour ne pas négocier avec les terroristes islamistes. Une des raisons qui avait poussé Paris à sanctionner le coup d’Etat dans un coup d’Etat.

L’autre raison c’est l’absence d’Etat malien et le manque de motivations des forces maliennes sur le terrain. Il s’agit d’un coup de semonce à la junte militaire pour qu’elle respecte ses engagements pour la transition démocratique en février 2022. Le volte-face de Paris revêt ainsi une double signification : une meilleure image de la France au Mali en dépit la défiance constante de la société civile et l’engagement de Paris avec ses alliés européens dans le cadre de « Takuba » au Sahel dont le G5 Sahel attend l’éclosion.

C’est le réalisme qui a pris le pas sur la force dans un contexte de paix difficile dans cette bande sahélo-saharienne où les groupes terroristes affiliés à Daesh ou Etat Islamique et à Al Qaïda ont déjà fait plusieurs centaines de morts, des soldats mais aussi des civils devenus la cible principale. Cette guerre a fait place à une catastrophe humanitaire sans précédent depuis 2014 avec plus d’un million de réfugiés dans les pays du G5 Sahel, partenaires importants de la France. La reprise de coopération militaire avec les FAMA ne peut être que bénéfique pour les deux parties et pour l’Afrique subsaharienne. Les territoires du jihadisme progressent à grands pas.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste