Dans un pays où les résultats du Bac sont catastrophiques chaque année et où pour la première fois cette année à l’Ecole Normale Supérieure il n’y aura pas de promotion dans la filière française. C’est autant dire que la politique d’arabisation tous azimuts a atteint ses limites et que le système éducatif a besoin d’un nouveau souffle qui passe par l’introduction des langues nationales à l’école.
C’est du moins le sentiment des observateurs qui pointent l’urgence de réformer l’éducation nationale. Secret de polichinelle. Depuis plus de dix ans, l’école mauritanienne marche au ralenti. Ce recul est exacerbé par des pratiques clientélistes au sommet de l’Etat, initiées par l’ex-président Ould Aziz qui a mis à terre l’école publique en la bradant aux plus offrants. Une triste réalité d’une mal gouvernance aujourd’hui sur les bancs des accusés. Dès son élection en 2019, le président Ould Ghazouani a mis en place un département pour la réforme de l’éducation nationale. Force est de constater qu’après plus d’une année de fonctionnement, le gouvernement semble marquer le pas et manquer plus d’ambitions pour dégraisser le Mamouth.
L’espoir fait place à des frustrations des enseignants du Fondamental que le ministère oblige à passer des tests d’évaluation alors qu’ils sont opérationnels et titulaires depuis des années. C’est le premier couac de la réforme qui laisse planer des doutes sur le diagnostic du système éducatif et la capacité à le réformer. Sur le premier point, les chercheurs, pédagogues et psycho-pédagogues, inspecteurs de l’enseignement, sociologues et politologues mauritaniens et africains sont unanimes sur l’importance de la langue maternelle dans l’enseignement comme en témoigne la première expérience mauritanienne réussie dans ce domaine par l’institut des langues nationales.
Le gouvernement n’est pas indifférent à ces résultats mais ne semble pas se presser pour faire figurer une telle réforme dans son agenda. Il s’agit d’un impératif pour l’unité nationale et pour le développement pour un pays dont plus de la moitié est pauvre et analphabète. Sur le deuxième point, la réforme se heurte à une résistance d’extrémistes panarabes bien implantés dans tous les rouages de l’Etat surtout dans le secteur de l’enseignement où ils sont très actifs. Et aussi dans l’exécution des nouvelles mesures pour une école républicaine, le gouvernement fait face à une administration incompétente et pléthorique qui bloque tout changement..
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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