La décision française de retirer ses forces Barkhane au Sahel focalise l’attention des observateurs qui ne sont pas surpris de ce revirement de Paris qui avait laissé planer le doute au sommet de Pau et quasi-confirmé au dernier sommet G5 Sahel au Tchad.
De la suspension des opérations militaires conjointes avec les forces maliennes au retrait de Barkhane au Sahel, la France appuie sur l’accélérateur et crée le choc. Les militaires de Barkhane vont se redéployer ailleurs que dans cette bande sahélo-saharienne qui semble conquise par les jihadistes. Paris opte pour l’internationalisation du conflit en laissant la place maintenant aux forces ‘Tabuka » forces européennes et la Minusma pour faire face aux terroristes islamistes. Paris va fermer certaines bases militaires, symboles de sa présence et sa domination sur ces anciennes colonies dans cette partie de l’Afrique sub-saharienne.
C’est une nouvelle étape dans la Françafrique très critiquée surtout par la société civile et l’opposition malienne qui ne comprennent toujours pas le nombre de civils et de soldats tués depuis 8 ans sans venir à bout des jihadistes lesquels semblent être les maîtres du terrain surtout dans les trois frontières Mali, Burkina et Niger où ce sont les civils qui payent un lourd tribut. Les terroristes ont réussi non seulement à faire déplacer les populations mais également à user les forces Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel. Paris n’entend plus se substituer aux Etats africains qu’il appelle de tous ces voeux, à prendre leurs destins en main. Ses investissements financiers et humains depuis 2014 coûtent chers aux contribuables français. C’est fini la période des vaches grasses d’autant plus que la France est confrontée aux conséquences économiques et sociales de la covid-19.
C’est la fin d’une double illusion. Les armes aussi sophistiquées soient elles ne suffisent pas à neutraliser les terroristes islamistes et que la confiance aux états africains pour lutter ensemble contre le terrorisme, s’est avérée finalement une utopie. La raison, c’est la mal gouvernance des états sahéliens qui est pointée du doigt. Des chefs d’Etat qui ont du mal à restaurer un état de droit et à équilibrer leurs budgets de fonctionnement. C’est surtout les coups d’Etat militaires qui exacerbent la France qui a également payé un lourd tribut avec près de 60 soldats tués depuis le début de la guerre. Le Mali et le Tchad sont dans le viseur. La réduction des effectifs militaires français pénalise l’ensemble du G5 Sahel appelé à se métamorphoser et changer de cap parce que le terrorisme n’a pas de frontière et il avance à pas de géant vers le golfe de guinée, la Côte d’Ivoire et le Bénin étant en première ligne.
Cette nouvelle donne politique et militaire ouvre un boulevard inattendu aux jihadistes qui se frottent les mains et en position de force pour négocier avec Bamako. C’est la ligne rouge à ne pas franchir pour Paris si le président de la transition démocratique veut l’autonomisation de l’armée malienne.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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