Mauritanie : Samba Thiam remet les pendules à l’heure le rapport de la commission des droits de l’homme

Le président des FPC Samba Thiam est revenu ce début de semaine sur le rapport de la commission nationale des droits de l’homme remis au président mauritanien. Un bilan annuel qui pêche sur le passif humanitaire, le recensement biométrique, les discriminations raciales et ethniques, les manifestations post-électorales mais des progrès dans la démarche et la posture de la CNDH.

C’est un enseignant pédagogue qui s’est livré à un véritable commentaire d’un rapport qui met en lumière la situation des droits de l’homme en Mauritanie durant la période 2019-2020.Sur la forme, Samba Thiam apprècie des progrès dans la démarche plus indépendante pour une commission en général reprochée proche du pouvoir. Et sur le fond, les questions qui fâchent concernant le passif humanitaire présenté comme une « continuité linéaire de l’’administration, de SIDIOCA à Ould Ghazouani en passant par Ould Aziz », le président des FPC remet les pendules à l’heure pour attribuer au premier président mauritanien élu démocratiquement en 2007 l’impulsion avec succès de la résolution de la question des déportations, des exécutions extrajudiciaires  communément admises par le pouvoir sous le vocable de passif humanitaire, talon d’Achille  du reste de tous les autres locataires du palais de Nouakchott.

Il s’agit donc d’une rupture et non d’une continuité de l’administration qui concerne plus son tombeur le président Ould Aziz élu en 2009. Sur ce dossier sensible. Samba Thiam regrette que le rapport ne mentionne pas la difficulté des réfugiés à accéder à l’état-civil notamment les enfants dont la majorité ne vont plus à l’école depuis des années.

Et ces milliers de réfugiés régularisés par la commission nationale et dont les dossiers restent toujours pendants à cause du blocage de l’agence des registres et titres sécurisés à Nouakchott au seul prétexte qu’ils sont nombreux en taxant la majorité d’entre eux des sénégalais.

Ce génocide biométrique hérité du régime de Ould Aziz vient même d’être reconnu par l’actuel ministre de l’intérieur. Le président des FPC enfonce le clou en martelant le manquement jusqu’ici du rapport sur une enquête sur les crimes commis contre les mauritaniens de la vallée de 89 à 91. Et prétendre des progrès en passant sous silence les discriminations ethniques et raciales sous l’angle seulement de la portion congrue des langues nationales dans les médias, c’est un raccourci qui ne reflète pas la réalité et réducteur de la question de la cohabitation, écornée depuis les indépendances. 2019 est l’année également des présidentielles.

La crise post-électorale qui a secoué le pays notamment l’opposition, a focalisé l’attention de la commission. La formulation de violences électorales manque de précisions pour le chef historique du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie qui l’attribue au président sortant contre la CVE. Les observateurs pointent cette instrumentalisation de Ould Aziz dont l’ambition est de faire passer l’alternance militaire par la force à son dauphin Ould Ghazouani.

Son arrestation durant le siège de Nouakchott en dit long de son ostracisme envers le leader de la vallée et ancien prisonnier de Oualata sous Ould Taya. Samba Thiam remarque avec pertinence que ce rapport ne plaide pas en faveur des victimes se contentant d’une simple comparaison avec la version de l’administration. En définitive conclut le président des FPC c’est l’esclavage qui figure en bonne place des sujets traités par la CNDH. C’est sans doute là sa faiblesse.

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 12 mai 2021)

 

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page