
Les observateurs reviennent cette fin de semaine sur les obsèques du président tchadien Idriss Déby à N’Djaména avec en première ligne le président français malgré la covid-19. Une présence remarquée et remarquable qui éclipse les 11 chefs d’Etat africain qui se sont déplacés.
C’est la Françafrique version en marche qui était au rendez-vous des obsèques d’Idriss Déby, mort au front contre les rebelles du Nord et qui aura gouverné 30 ans le Tchad d’une main de fer. Ce dernier hommage au guerrier président tchadien par la présence d’un seul président occidental le président Emmanuel Macron est considéré par les observateurs comme une caution diplomatique à l’autopropulsion du fils à la tête de l’Etat par l’armée pour remplacer son père. Un coup d’Etat constitutionnel en douceur pour assurer la dynastie Itno Déby faisant craindre dans les jours et mois à venir une dérive autoritaire du successeur.
C’est en fait Papa Macron héritier de Papa De Gaulle à Papa Hollande qui s’est déplacé dans la capitale tchadienne pour apaiser ses enfants et tracer ainsi le long chemin qui reste à parcourir dans le cadre du G5 Sahel auquel il tient comme la prunelle de ses yeux surtout pour venir à bout des terroristes islamistes dont Idriss Débit était un véritable rempart un pilier de Barkhane et de la force conjointe.
C’est une des raisons principales qui explique sa présence qui relève de la crainte d’une déstabilisation de la région confrontée à la montée puissante des Jihadistes décidés à déplacer le curseur des attaques jusqu’au golfe de Guinée pour toucher la Côte d’Ivoire et le Bénin. En déclarant que la France « ne laissera jamais personne ni aujourd’hui ni demain remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad » le président français sauve pour la troisième fois le régime autoritaire tchadien des Déby menacé par les rebelles du Nord.
Une volonté manifeste de soutien au conseil militaire même si Macron lance une sonnette d’alarme pour des élections rapides et transparentes. Et le soutien au processus de transition civilo-militaire des dirigeants du G5 Sahel qui se sont retrouvés symboliquement au quartier général de Barkhane consolide la Françafrique qui a encore de beaux jours devant elle. Les observateurs ne sont pas dupes. Après 18 mois de transition le nouveau général fils organisera des élections auxquelles il sortira vainqueur pour légitimer son coup de force institutionnel. Et la boucle de père en fils sera ainsi bouclée.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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