Tchad : la mort d’Idriss Deby, une leçon tragique pour l’Afrique sub-saharienne

La mort du président Maréchal Idriss Déby au champ d’honneur a pris de court l’armée tchadienne qui confie l’intérim à son fils pour 18 mois avant des élections. Un scénario qui n’était pas prévu mais qui ouvre la voie à une logique de succession dynastique. Les observateurs craignent des conséquences politiques et sociales pour l’Afrique sub-saharienne en particulier.

Dans ce pays sahélien coïncé entre le Niger, la Libye, le Soudan et le Nigéria, la voie royale pour accéder au palais est la rébellion. Un grand classique tchadien qui a permis à  Idriss Déby de bouter hors du pays le président Hissène Habré avec la bénédiction de la France en 90. Et depuis il a gouverné le pays d’une main de fer plus comme un guerrier que comme un chef d’Etat comme en témoigne sa mort au combat contre les rebelles du Nord qui promettent de poursuivre leur combat. L’armée reprend le pouvoir pour le confier à son fils Mahamat  Idriss déby pour 18 mois avant d’organiser des élections alors que dans ces conditions c’est le président du Sénat qui devait assurer l’intérim.

Une atteinte à la constitution qui fait entrer le Tchad dans une situation incertaine qui n’exclurait pas une guerre civile. Cette crainte d’une logique de succession dynastique devient une réalité qui constitue un problème géostratégique pour la France qui vient de perdre un allié important au Sahel dans la guerre contre les terroristes islamistes. Pour la force conjointe du G5 Sahel c’est la crainte de voir partir les 1200 soldats déployés par le Tchad pour renforcer Barkhane et les trois frontières ( Mali, Burkina et Niger) confrontées de plus en plus à des attaques meurtrières des jihadistes qui ciblent plus maintenant les civils des villages créant ainsi une grave crise humanitaire avec plus d’un million de réfugiés en quête d’abri.

C’est la stabilité politique de la région qui est pointée du doigt. Malgré son régime autoritaire les tchadiens considéraient Idriss Déby comme un sauveur des différentes rébellions dans le passé et pour le G5 Sahel un maillon important pour faire échouer la nouvelle stratégie de la nébuleuse Al Qaïda et l’Etat islamique de prolonger la guerre jusqu’au golfe de Guinée pour toucher la Côte d’Ivoire et le Bénin. Un Déby Itno général à 37 ans  et commandant de la garde présidentielle qui succède à son père est mal vu par les démocrates africains. Cette passation de pouvoir voulue par l’armée ouvre le chemin de la violence en se fermant le cadre de la démocratie.

En plus du problème de la sécurité pour la région la disparition d’Idriss Déby pose le problème de pouvoir héréditaire valable pour toute l’Afrique. La réaction de l’Elysée pour une transition pacifique est significative à cet égard.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 21 avril 2021)

 

 

 

 

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