Mauritanie : le coup de poker de l’ex-président Ould Abdel Aziz à l’index

L’information qui circule sur les réseaux sociaux et selon laquelle l’ex-président Ould Abdel Aziz risque de tout déballer est considérée par les observateurs comme un bluff pour ralentir les enquêtes pénales et au-delà influencer le juge qui devra déterminer son sort dans les prochains jours.

En réalité ce n’est pas la première fois que l’ancien président mauritanien utilise l’intimidation contre son successeur comme en témoignent ses menaces de tout dire lorsqu’il a été contraint d’abandonner la direction de l’UPR après son retour de l’étranger. Cette deuxième tentative est plus importante parce qu’il vient d’être inculpé de corruption et de blanchiment d’argent dans la perspective d’un procès qui pourrait se passer très mal contre lui. Les chefs d’accusation sont suffisamment graves pour qu’il n’échappe pas à une condamnation.

L’autre chagrin de Ould Aziz c’est le blocage de ses biens (argent et nature) par la justice ainsi qu’une partie appartenant au clan familial et aux proches. La menace de tout déballer est la dernière carte en main pour intimider Ould Ghazouani en le forçant certainement à briser le silence.

Cette hypothèse est difficile à mettre en œuvre dans la mesure où c’est la légitimité du pouvoir qui est en jeu et la crédibilité de la justice et au-delà le rapport de l’enquête parlementaire. C’est un joueur de poker qui n’a jamais cessé de bluffer la justice et surtout de tromper les mauritaniens depuis son coup de force de 2008 contre le premier président élu démocratiquement.

Du président pauvre au président riche Ould Abdel Aziz a franchi le pas entre 2009 et 2019.Ce chantage qui pourrait boucler cette décennie de gabegie et de corruption, apparaît comme un aveu de faiblesse et pourrait l’enfoncer davantage. L’opinion publique attend qu’il rende des comptes et non qu’il fasse des révélations.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste