
Ce qui se passe depuis plus de 3 jours au Sénégal interpelle les observateurs et en première ligne le régime de Macky Sall secoué par des affrontements inédits entre des jeunes et les forces de l’ordre.
Il ne s’agit pas d’une révolte populaire spontanée mais d’un ras-le-bol d’une situation économique difficile qui résulte en grande partie de la crise sanitaire provoquée par la pandémie ccovid-19 depuis un an et qui impacte 95 pour cent des sénégalais dans l’informel comme en témoignent les scènes de pillage des magasins alimentaires. C’est avant tout une affaire de mœurs qui vire à une opposition inédite entre l’opposant Ousmane Sonko accusé de viol et le président Macky Sall qu’il accuse de complot contre lui.
L’arrestation du député du PASTEF pour trouble à l’ordre public interpelle les autorités de Dakar accusées à tort ou à raison d’instrumentaliser la justice à des fins politiques. Le bilan lourd de 4 morts officiellement des émeutes interroge également le mouvement PASTEF accusé par le pouvoir de mouvement insurrectionnel comme en témoigne l’embrasement de quelques régions dont la Casamance fief de Sonko.
De même les observateurs pointent ces hommes derrière les forces de l’ordre qui laissent planer des soupçons de nervis de la police. Cette situation à deux doigts du chaos est d’une gravité politique pour un pays considéré parmi les meilleurs élèves de la démocratie dans la sous-région sur le point de basculer vers une dictature.
A trois ans de la fin de son deuxième mandat c’est un avertissement sérieux au président sénégalais qui devra bien se faire des soucis avec la société civile qui ne lâche rien en se mobilisant encore pour trois jours pour des manifestations dans tout le pays sous la houlette du Mouvement de défense de la démocratie qui regroupe des partis politiques de l’opposition et des mouvements citoyens.
C’est une page sombre du régime de Macky surtout quand ce sont des médias privés ciblés qui sont attaqués et dont le signal a été retiré par les autorités de l’audiovisuel et des journalistes menacés dans l’exercice de leur métier. C’est le verrouillage de la presse indépendante qui est pointé du doigt et l’état de droit interpellé.
Au bout de quelques jours de tensions sociales Macky Sall ne semble pas assimilé les leçons de son ancien maître Abdoulaye Wade qui avait compris la naissance d’un Sénégal debout contre la mal gouvernance.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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