Le député Birame Dah Abeid, leader de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), a animé, mardi 19 janvier 2021 à Nouakchott, une conférence de presse au cours de laquelle il est revenu sur plusieurs questions de l’actualité, notamment la situation des libertés publiques en Mauritanie, la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité et le dialogue sociale en vue.
Birame Dah Abeid, député et président du mouvement IRA, a fait le tour des questions qui préoccupent aujourd’hui l’opinion publique nationale. Il s’agit de la persistante entrave aux libertés publiques, dont celle de manifester, mais aussi la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité et le dialogue en vue entre les acteurs sociaux. Toutes ces questions ont été abordées au cours d’une conférence de presse qu’il a animée mardi 19 janvier 2021 à Nouakchott.
Loi sur les associations, un actif fort du président Ghazouani
Déclinée en deux points, la situation des libertés publiques en Mauritanie semble particulièrement interpeller Birame Dah Abeid. Après s’être félicité du climat d’ouverture initié par le président Mohamed Cheikh Ghazouani, et de ses prédispositions à améliorer la situation générale du pays, confronté à des crises multiformes, l’ancien candidat à la présidentielle de 2019 et acteur incontournable de la scène politique, s’est félicité de l’adoption le 11 janvier dernier par l’Assemblée Nationale de la loi sur les associations qui remplace et abroge la loi de 1964 dite aussi loi des autorisations préalables, jugée dictatoriale, antidémocratique et contraire à l’esprit des droits de l’homme.
« Cette nouvelle loi, basée sur le régime déclaratif est plus conforme à la Constitution et aux principes d’un Etat de droit, car il consacre la liberté d’association et de regroupement » a-t-il précisé. Une transition qui permettra au député d’expliquer son absence des prétoires de l’Assemblée Nationale, car cette loi serait, selon lui, le fruit de longues discussions avec Ghazouani. Pourquoi se mettre donc en opposition avec le gouvernement et aller à la confrontation dans les allées du Parlement, s’il existe une voie plus pacifique et plus efficace pour obtenir des concessions en faveur des Mauritaniens, par le biais du premier décideur du pays, a-t-il déclaré en substance.
Il a aussi évoqué les dernières manifestations qui ont secoué Nouakchott ces derniers mois, et dont la plupart ont été durement réprimées par les forces de l’ordre. Ainsi, a-t-il vivement condamné ces répressions, fustigeant au passage des « fonctionnaires qui n’ont pas encore compris que les réflexes des régimes d’exception sont révolus ». Selon lui, ces images ternissent les efforts déployés par les autorités actuelles dans leur élan d’apaisement et d’ouverture de la scène politique et sociale.
Il a également reconnu une part de responsabilité de certains manifestants qui ne se seraient pas conformé, selon lui, aux règles de base d’une manifestation pacifique. Et de donner l’exemple du mouvement IRA dont les membres, selon lui, sont les plus réprimés dans l’histoire de la Mauritanie, mais dont les actions ont été également les plus soutenues par la communauté internationale, car conformes aux principes universels des manifestations pacifiques.
Des citoyens livrés au diktat des hommes d’affaires
A entendre Birame Dah Abeid, la Mauritanie serait devenue une jungle où les plus faibles sont laissés à la merci des plus forts, sans aucun arbitrage de l’Etat et dans l’impunité des gros commerçants. Tous les prix ont doublé, selon Birame, qui note au passage que les ménages mauritaniens n’ont plus le pouvoir d’assurer les repas quotidiens, avec l’exacerbation du chômage dont la Mauritanie détiendrait l’un des taux les plus élevés au monde.
A cela se serait ajoutée l’omnipotence des employeurs, face à la démission de l’administration du travail, livrant ainsi les travailleurs mauritaniens aux humeurs de leurs patrons. Même les décisions judiciaires en faveur des travailleurs n’ont aucune force d’exécution, selon Birame qui affirme avoir intercédé plusieurs fois auprès de certains employeurs pour leur obtenir une partie de leurs droits. Cette situation a abouti, dit-il en substance, à la décadence des syndicats, brisant ainsi la chaîne de protection du monde productif.
C’est dans ce cadre qu’il a interpellé l’Etat, le président Ghazouani à sa tête, pour remédier au plus vite à la dérégulation du commerce des produits alimentaires et à la déplorable situation du secteur de l’emploi et du travail. « Pas étonnant dès lors d’assister à l’explosion du cercle de plus en plus élargi des populations démunies et défavorisées, celles qui hier travaillaient pourtant dans l’agriculture, l’élevage, la construction de puits, le développement des oasis, et qui se sont trouvés embarqués du jour au lendemain dans la galère à cause des injustices sociales » a-t-il déclaré.
Assez de dialogue politique, place au dialogue social
Birame affirme être totalement en phase avec l’intention du président Ghazouani d’engager un dialogue social qui touche profondément le quotidien des Mauritaniens. Selon lui, les dialogues politiques successifs qui ont eu lieu en Mauritanie n’ont jamais touché le fond des problèmes auxquels sont confrontés les citoyens. Ils ont été pour la plupart, selon lui, des occasions de marchandages à des profits personnels et des opportunités pour tirer des dividendes politiques individuels.
Mais des questions comme les conditions de vie des ménages, le chômage, la situation des travailleurs, le partage équitable des richesses, l’unité nationale et la cohésion sociale, les problèmes de l’éducation, de la santé, du monde rural, sont plus pertinents, même s’il reconnaît que certaines questions, comme celles relatives à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), au Conseil constitutionnel, au découpage électoral, méritent d’être posées.
Cheikh Aïdara
Source : Thaqafa
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