Diplomatie – Deux Éthiopiens bientôt libérés après trente ans de réclusion dans l’ambassade d’Italie

La plus longue affaire d’asile diplomatique du monde semble toucher à sa fin, avec la perspective d’une libération de deux anciens hauts responsables du régime du Derg, reclus depuis trente ans dans l’ambassade d’Italie à Addis-Abeba.

Deux Éthiopiens réfugiés depuis 1991 dans l’ambassade d’Italie à Addis-Abeba sont sur le point d’être libérés après trente ans entre ses murs. Addis Tedla et Berhanu Bayeh étaient deux hauts fonctionnaires du régime communiste du Derg, au pouvoir de 1974 à 1987, qui ont été reconnus coupables de massacres contre les opposants au régime et ont été condamnés à mort, rapporte Il Manifesto.

Les deux hommes, qui ont le droit à trois sorties quotidiennes dans les jardins de l’ambassade et à quelques visites, explique la revue italienne Africa, ont été protégés de la peine capitale grâce à ce refuge italien au sein de leur propre pays. Ces derniers sont d’ailleurs “bien connus” de Giuseppe Mistretta, ex-ambassadeur d’Italie en Éthiopie, qui relate les relations entre ces invités très spéciaux et le personnel des lieux dans son livre I Noti Ospiti (“Des invités bien connus”, non traduit en français).

Si les deux reclus entrevoient un espoir de sortie, c’est grâce à un tournant politique en Éthiopie. Les hommes ayant fait tomber le régime du Derg ont à leur tour perdu le pouvoir récemment. En 2018, à la suite d’une contestation dans le pays, les dirigeants tigréens ont été contraints de céder les rênes du pays au Premier ministre Abiy Ahmed – contre lequel ils sont en guerre depuis le 4 novembre 2020.

Protéger aussi les coupables

Le 19 décembre, la présidente éthiopienne, Sahle-Work Zewde, a commué la condamnation à mort des deux hommes jugés pour crimes de guerre en réclusion à perpétuité. Le procureur général éthiopien a sollicité la clémence le 24 décembre en faisant valoir l’âge des deux hommes (74 et 83 ans).

Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, s’est d’ailleurs félicité d’une telle décision, observe Africa Radio. L’ex-ambassadeur italien en Éthiopie évoque une victoire de la Constitution et invite à considérer cette affaire comme “un cas d’école” dans l’histoire des asiles diplomatiques. S’il est facile de faire valoir le droit des innocents, la justice doit parvenir à protéger le droit des coupables, explique Africa.

 

 

 

 

Source : Courrier international

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page