Le CSA saisi après des injures racistes contre Rokhaya Diallo sur Sud Radio

La journaliste a également porté plainte contre l’auditrice qui avait proféré ces injures à l’antenne en octobre.

La journaliste Rokhaya Diallo a annoncé lundi 21 décembre sur Sud Radio avoir porté plainte contre une auditrice de la station qui avait proféré des injures racistes à son encontre, lors d’une séquence diffusée en octobre mais exhumée dimanche, sur laquelle va se pencher le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Dimanche, la réalisatrice et militante antiraciste a relayé sur Twitter pour s’en indigner un extrait de l’émission « Les Vraies Voix », diffusé deux mois plus tôt sur Sud Radio mais qui lui avait jusqu’alors « échappé ». Une auditrice y prend la parole, en réponse à un débat sur les indigénistes et les attentats.

 

 

« Mme Diallo se plaint de la France, elle se plaint des Blancs, mais si aujourd’hui elle est journaliste (…) elle le doit à l’ouverture d’esprit de notre éducation et de notre pays », démarre-t-elle. « Parce que Mme Diallo, elle n’aurait pas bénéficié de tout ce que donne la France, je crois qu’il y a de fortes chances qu’elle serait en Afrique, avec 30 kg de plus, 15 gosses en train de piler le mil par terre et d’attendre que son mari lui donne son tour entre les 4 autres épouses », ajoute l’auditrice.

« Attention [la députée La France insoumise] Danièle Obono va vous tomber dessus », ironise alors le magistrat Philippe Bilger, présent en studio aux côtés de l’essayiste Céline Pina, du psychologue Jean Doridot et du présentateur Philippe Rossi, qui répond pour sa part : « Il suffit de dire comme vous l’avez dit que Rokhaya Diallo a eu de la chance d’être en France et d’avoir une vraie liberté d’expression. »

 

Le CSA saisi

 

Interpellés sur les sujets depuis dimanche, notamment par la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, qui a dénoncé sur Twitter « des propos abjects », « les services du CSA ont engagé l’examen des saisines reçues et l’analyse de la séquence en question », a annoncé lundi à l’Agence France-presse et au Monde le régulateur, sans se prononcer sur d’éventuelles sanctions.

De leur côté, Sud Radio et Philippe Rossi ont également condamné les propos de l’auditrice.
« Pendant que l’auditrice proférait ces insultes immondes, je calais une autre rubrique avec le réalisateur qui me parlait dans le casque. Cela n’excuse en rien le fait que j’aurais dû maîtriser mon antenne, a déclaré Philippe Rossi. Je tiens à présenter toutes mes excuses à Rokhaya Diallo que je connais bien. Jamais Sud Radio ne crédite et ne peut cautionner ce genre de discours à l’encontre de nos valeurs »

« Si je vous ai offensée sans intervenir je m’en excuse », a abondé Philippe Bilger, ajoutant que, « très respectueuse de la liberté, consciente de ses possibles dérives, Sud Radio sera encore plus vigilante à l’avenir pour les prévenir. »

Céline Pina, en revanche, a souligné qu’elle n’était « comptable que » de sa « parole, pas de celle des autres », dans un long texte publié sur les réseaux sociaux en réponse aux « entrepreneurs identitaires qui se déchaînent en meute » depuis dimanche.

 

Plainte déposée

 

« J’estime que toute personne qui prend la parole dans l’espace public doit prendre ses responsabilités et mon avocat a déposé une plainte aujourd’hui à 16 heures » contre cette auditrice, qui sera « informée lorsqu’on aura retrouvé son identité », a annoncé la journaliste. « J’accepte le débat d’idées mais aucunement l’injure ni le mépris envers mes origines et envers les personnes du continent africain », a-t-elle justifié.

« Ces propos ne représentent en rien notre rédaction et notre radio (…). On ne cautionnera jamais les propos de haine, racistes, antisémites ou encore homophobes », a insisté le directeur général de Sud Radio, Patrick Roger, à l’antenne.

 

 

 

Le Monde avec AFP

 

 

Source : Le Monde

 

 

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