Mauritanie : ce que cache la traque de l’ex-président Ould Aziz

Voilà 42 ans que les militaires gouvernent en Mauritanie. 42 ans de gouvernance autoritaire et absence d’un Etat de droit. De Ould Salek à Ould Ghazouani le pouvoir s’est contenté de gérer le pays en s’appuyant sur les tribus et des forces extraconstitutionnelles qui agissent dans la proximité de la présidence.

Ce mode de gouvernance militaire sous vernis démocratique perpétue un système instauré depuis 60 ans qui peine à résoudre la difficile cohabitation entre les différentes composantes de la population. L’avènement au pouvoir des militaires en 78 a exacerbé des tensions ethniques sur un fond de racisme d’Etat qui soulève l’inexistence d’un Etat de droit. Un pouvoir fort qui rejette l’alternance démocratique. Et par le jeu des alliances tribales régionales et hommes d’affaires s’accapare de toutes les richesses naturelles du pays. La grande muette jouit ainsi de tous les privilèges notamment au niveau des postes stratégiques de l’Etat et de l’armée la gendarmerie la police et la garde et au sein de l’administration centrale et territoriale.

Depuis 42 ans la classe dirigeante militaro-civile s’est emparée de tous les leviers économiques accumulant ainsi des fortunes voire des milliards pour ceux qui sont proches des trois pouvoirs et en particulier le pouvoir exécutif où des forces extraconstitutionnelles agissent dans la proximité de la présidence pour détourner les deniers publics. Ce sont ces nouveaux nantis dans l’armée et dans le gouvernement qui font le jeu du pouvoir à travers un parti au sein duquel les caciques prennent le relais pour désigner leur chef. Depuis 42 ans c’est la première fois qu’un ancien président est mis en cause pour sa mal gouvernance.

Derrière cette traque qui apparaît comme un règlement de compte politique, se cache une oligarchie militaire qui ne dit pas son nom et qui s’accroche aux rênes du pouvoir faisant apparaître sur la scène politique une rivalité de généraux de Ould Boukhreiss à Ould Menguett avec la marque du général Ould Aziz qui donna un coup d’arrêt à la première démocratie civile en 2005 en renversant Feu SIDIOCA et de son frère d’arme le général Ould Ghazouani élu en 2019.

Deux autres généraux sont en embuscade Ould Menguet le chef des forces armées et Ould Hanena ministre de la défense et homme de confiance du président.

L’ex-président Ould Aziz et le nouveau président Ould Ghazouani sont deux exemples qui caractérisent la valse des généraux à la tête du pays depuis 2008. C’est Ould Aziz qui symbolise le mieux cette oligarchie derrière une fortune estimée à des milliards de dollars. Les soupçons de gabegie et de corruption qui pèsent aujourd’hui sur lui peuvent être interprétés comme une justice de façade pour protéger cette manne financière entre les mains de la classe dirigeante et des hommes d’affaires.

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 14 décembre 2020)

 

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page