Mauritanie : vers l’étouffement du dossier Ould Aziz par la justice, pointé par les observateurs

La reprise des auditions de la police des crimes économiques et financiers cette semaine à Nouakchott relance le dossier Ould Aziz en suspens depuis un mois. Entre un déni de la réalité d’un ancien régime corrompu et la recherche au plus sommet de l’Etat d’un compromis ou d’une largesse à des anciens ministres et hommes d’affaires proches de Ould Aziz les observateurs pressentent déjà une affaire de la décennie qui pourrait être classée par la justice.

Ce sentiment d’étouffement d’une affaire judiciaire la première dans l’histoire de la république un ancien président placé sous contrôle judiciaire, est partagé par des observateurs et éditorialistes mauritaniens et par les parlementaires de l’opposition démocratique qui protestent contre la présence à l’assemblée nationale d’un ancien ministre mis en cause sur le dossier de la concession du port autonome de Nouakchott à la société Arise et qui devient membre du gouvernement.

Les opposants s’interrogent sur le non -respect de la séparation des pouvoirs affiché par le président Ould Ghazouani dont les décisions personnelles vont dans le sens de réhabiliter des personnalités de l’ancien régime et hommes d’affaires proches de Ould Aziz soupçonnés de corruption.

Des faveurs du chef de l’exécutif qui remettent en cause les recommandations du rapport de la commission d’enquête ainsi que les investigations de la police des crimes économiques et financiers. Les lenteurs de la procédure judiciaire et le silence des collectifs d’avocat de la défense et de l’Etat sont autant de signes qui laissent penser à un règlement politique du dossier Ould Aziz.

Des observateurs sur place notent l’interférence des tribus, notables et anciens ministres influents de la majorité pour réconcilier Ould Ghazouani et son ancien mentor moyennant sans doute de récupérer quelques miettes de milliards d’ancienne monnaie pour le trésor public. Sur le fond c’est une analyse plausible mais elle ne colle pas à la gravité des accusations et aux attentes du peuple mauritanien qui aspire à la justice.

La restitution des biens mal acquis ne va sans procès encore moins de condamnations. Un procès-verbal du pôle anti-corruption sans condamnations serait interprété comme un déni de justice un recul de l’Etat de droit cher à Ould Ghazouani qui en a fait son principal cheval de bataille pour son quinquennat.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 13 décembre 2020)

 

 

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