La France a confirmé vendredi 13 novembre avoir « neutralisé » au Mali – comprendre tué – Ba Ag Moussa, important cadre d’al-Qaïda au Maghreb islamique, dont le nom était associé ces dernières années à de nombreuses attaques dans la région.
La rumeur enflait depuis trois jours sur les réseaux sociaux et dans la presse internationale. La ministre des Armées Florence Parly a confirmé ce vendredi dans un communiqué la mort de Ba Ag Moussa au Mali, dans la région de Ménaka, zone des trois frontières Mali-Burkina-Niger.
L’armée française, explique le communiqué, a « neutralisé » Ba Ag Moussa, décrit comme le « chef militaire » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). L’opération menée par la force Barkhane remonte à mardi 10 novembre en fin de journée, précise également le communiqué.
Une opération préparée de longue date
C’est au crépuscule, ce mardi 10 novembre, que l’assaut a été donné, à140 kilomètres au nord de Menaka. Le pick-up dans lequel avait pris place Ba Ag Moussa était observé de près par au moins deux drones. Vers 18 heures quatre hélicoptères, deux de manœuvre et deux d’attaque, de la force Barkhane ont d’abord tenté de stopper le véhicule. Des tirs de sommation qui n’ont pas eu de succès, puisque les cinq occupants du pick-up, équipés de mitrailleuses et d’armes légères, ont vivement riposté.
Dans les minutes qui ont suivi, annonce l’état-major français des armées, les hélicoptères de manœuvre ont déposé une quinzaine de commandos au sol, une action fugace indique-t-on, car en moins d’un quart d’heure tous les occupants du véhicule étaient neutralisés. Pas de blessés côté français. Les soldats de la Force Barkhane, ont ensuite passé au peigne fin le 4X4, à la recherche de moyens de communication pouvant être exploités. Concernant les dépouilles, tout a été fait conformément au Droit international humanitaire, insiste L’état-major, sans préciser s’ils ont été enterrés sur place.
Si les Fama n’étaient pas associés à l’opération, elles en avaient été informés. Une action qui n’est pas d’opportunité, insiste l’état-major, assurant qu’elle était préparée de longue date, avec pour objectif de viser les cadres du GISM.
Florence Parly a salué une opération engageant « d’importants moyens de renseignement ainsi qu’un dispositif d’interception composé d’hélicoptères et de troupes au sol » et un « succès qui prive Iyad Ag Ghali de l’un de ses principaux adjoints ». Une opération préparé de longue date, selon l’armée française.
Son nom était associé ces dernières années à de nombreuses attaques contre les forces maliennes et internationales. Il était donc considéré comme un des principaux chef jihadistes au Mali selon le communiqué, qui précise qu’il était notamment chargé des nouvelles recrues.
Figure de la lutte indépendantiste touareg
Avant de devenir l’un des chefs militaires du GSIM, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, Ba Ag Moussa, également appelé Ba Moussa Diarra, ou « Abou charia », fut un officier de l’armée malienne puis une figure de la lutte indépendantiste touareg.
Ancien colonel des Famas (forces armées maliennes), il déserte une première fois l’armée nationale pour rejoindre la rébellion touareg de 2006 où il a pu côtoyer Iyad Ag Ghali, futur fondateur d’Ansar Dine puis du GSIM. Ou encore Seidane Ag Hitta, qui deviendra lui aussi l’un des principaux cadres de l’organisation terroriste.
Réintégré au sein de l’armée malienne, Ba Ag Moussa déserte à nouveau en 2012 : cette fois, pour rejoindre les rangs des jihadistes d’Ansar Dine. A cette période, son nom est cité dans le massacre d’Aguelhoc, mais aussi dans les batailles de Ménaka, Tessalit ou Kidal. Plus récemment, depuis 2016, les attaques de plusieurs camps militaires maliens dans le centre du pays, totalisant plusieurs dizaines de victimes, lui ont été attribuées. Sans que l’on sache précisément pour chacune d’entre elles s’il était ou non impliqué.
Ces derniers jours, outre les images de son véhicule calciné, se sont mis à circuler sur les réseaux sociaux de nombreux messages de condoléances ou même des poèmes à sa gloire. Car, comme le rappelle un chercheur spécialiste de la région de Kidal, Ba Ag Moussa est perçu par de nombreux Touaregs maliens comme un rebelle au sens noble du terme, héros de la cause touareg. Pour d’autres, au contraire, et notamment à Bamako, l’homme est honni et perçu comme un traître et comme un meurtrier.
David Baché / Franck Alexandre
Source : RFI
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