Antonio Guterres prône l’unité au Conseil de sécurité de l’ONU

Le Conseil de sécurité se réunissait en visioconférence afin de discuter pour la première fois de la pandémie. Ses membres peinent à s’entendre, notamment à cause de tensions entre Washington et Pékin, sur un projet de résolution.

Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a exhorté jeudi le Conseil de sécurité à se montrer uni face à la pandémie de Covid-19. Il a souligné qu’il s’agissait «du combat d’une génération – et la raison d’être des Nations unies elles-mêmes».

«Un signal d’unité et de détermination du Conseil compterait beaucoup dans la période anxiogène actuelle», a-t-il ajouté lors de la première réunion – par visioconférence – de cette instance consacrée à la pandémie, alors que ses quinze membres continuent d’être divisés sur la manière de l’appréhender. Cette session était censée se dérouler à huis clos mais le discours du chef de l’ONU a été transmis à l’Agence France-Presse (AFP) pendant la réunion par des missions diplomatiques y assistant.

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«L’engagement du Conseil de sécurité sera critique pour atténuer les implications sur la paix et la sécurité de la pandémie de Covid-19. Pour vaincre la pandémie aujourd’hui, nous avons besoin de travailler ensemble et cela veut dire renforcer la solidarité.»

Des annonces relayées sur les réseaux sociaux

Tout au long de la session, plusieurs ambassadeurs participant à la réunion ont fait fuiter sur Twitter ou directement auprès de journalistes des extraits ou la totalité de leurs interventions.

L’Allemagne a ainsi souligné que «la pandémie était une question de sécurité et de paix internationale», alors que d’autres pays, comme la Russie, la Chine, voire l’Afrique du Sud, jugent au contraire que la santé n’est pas du ressort du Conseil de sécurité.

La France a confirmé qu’elle consacrerait 1,2 milliard d’euros à la lutte contre la maladie en Afrique tandis que l’Estonie débutait son allocution en relevant, à propos de la tenue de cette première réunion: «mieux vaut tard que jamais», une critique lancée à ceux qui en ont retardé l’organisation. Parmi eux, notamment les Etats-Unis et la Chine, embrouillés dans une querelle sur l’origine du virus, Washington insistant pour en souligner la provenance chinoise. Mais aussi la Russie ou la France, selon des diplomates, pour des raisons différentes.

Deux projets de résolution concurrents discutés

 

La réunion avait été demandée la semaine dernière par neuf des dix membres non-permanents (sans l’Afrique du Sud) emmenés par l’Allemagne, excédés de la paralysie du Conseil face à une crise mondiale sans précédent. Deux projets de résolution concurrents sont discutés depuis une quinzaine de jours au Conseil de sécurité, mais aucun entre la totalité de ses 15 membres.

Le premier, initié par la Tunisie, est porté par les dix membres non-permanents. Dans sa dernière version, obtenue jeudi par l’AFP, il demande «une action internationale urgente, coordonnée et unie pour limiter l’impact du Covid-19». Il prévoit aussi que «le Conseil de sécurité supervisera l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la paix et la sécurité internationale», avec des rapports réguliers du secrétaire général «quand cela sera nécessaire». Le texte appelle enfin «à un cessez-le-feu mondial immédiat pour permettre une réponse humanitaire adéquate».

Comme en défi au groupe des membres permanents, le projet ne leur a pas été transmis et n’est négocié depuis le 30 mars qu’entre Allemagne, Belgique, République dominicaine, Indonésie, Estonie, Vietnam, Tunisie, Niger, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, et Afrique du Sud. Aucun vote n’a encore été programmé.

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Le deuxième projet, centré sur un soutien à une «cessation des hostilités» réclamée en mars par le patron de l’ONU et sur une «pause humanitaire», est proposé par la France. Il n’est discuté jusqu’à présent qu’entre les cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), ce qui est «très frustrant», confient sous anonymat à l’AFP plusieurs diplomates de pays membres non-permanents. Avant une négociation à 15, il faut régler les différends entre les «cinq grands», rétorque-t-on à Paris, sinon cela ne fonctionnera pas. La France a bon espoir d’organiser prochainement un sommet (par visioconférence) des dirigeants de ces cinq pays afin de résoudre les difficultés notamment entre Pékin et Washington.

Opposition entre permanents et non-permanents

 

Alors que la voix du chef de l’ONU se fait régulièrement entendre, que l’Assemblée générale a adopté à l’unanimité de ses 193 membres il y a une semaine une résolution appelant à la «coopération», l’attitude du Conseil de sécurité depuis le début de la crise déroute.

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«Missing in action» (perdu en pleine action), regrette un ambassadeur sous couvert d’anonymat. «C’est la première fois que je vois deux systèmes solaires au sein du Conseil de sécurité», renchérit un diplomate d’un pays qui n’en fait pas partie. «C’est très curieux cette double dynamique» entre permanents et non-permanents.

Au Conseil de sécurité, 9 voix au moins sur 15 sont nécessaires pour faire adopter un texte, sans veto de l’un des cinq membres permanents.

ATS
Source : Le Temps (Suisse)

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