Mariem Derwich : « Il faut confiner, oser ce confinement »

Il faut arrêter l'aveuglement : la pandémie arrive sur notre continent. Et elle va frapper fort. Très fort.

Notre pays a mis en place tout un éventail de mesures, dont la plus radicale est ce couvre-feu dès 18 H. Mais cela ne suffira pas. Les mots et déclaration pieuses ne suffiront pas. Il faut confiner, oser ce confinement, oser. Interdire les rassemblements, réprimer ces rassemblements s’il le faut.

Fermer les marchés et réfléchir à des boutiques « alimentaires« . Réfléchir à une gestion plus locale de cette pandémie au vu du nombre de miséreux chez nous, miséreux qui verraient leur ultra précarité augmenter avec le confinement; réfléchir à des distributions de denrées, de vivres, de savon. Réfléchir et stopper ces coupures d’eau et d’électricité qui ne permettent pas les gestes prophylactiques nécessaires et qui aggravent et la misère et la transmission du virus.


Réfléchir au fait que malgré le fait que l’Afrique est habituée aux pandémies, nos installations hospitalières en sont au degré zéro d’une lutte contre une pandémie ( combien de respirateurs dans nos hôpitaux?).


Réfléchir au fait que nous nous contentons de nos habitudes sociales collectives au détriment d’une lutte efficace contre n’importe quelle pandémie.


Réfléchir au fait que s’enfermer chez soi aujourd’hui est un luxe de la bourgeoisie locale.Et que nous l’avons accepté, comme si la misère et le manque faisaient partie somme toute d’un « paysage » local presque exotique. Que la majorité de la population vit dans des conditions sanitaires effroyables, la promiscuité favorisant la transmission de tout et n’importe quoi.


Interdire les regroupements dans les mosquées ( des pays musulmans et des érudits religieux célèbres, de l’Iran au Koweit en passant par les pays du Maghreb ont interdit les prières collectives. Pourquoi pas nous ? Foutu orgueil assassin de notre part qui nous sentons « meilleurs » musulmans que les autres…) nonobstant les cries d’orfraie de ceux qui, par ignorance, préfèrent envoyer les hommes à la mort plutôt que de les protéger ( et j’accuse certains de nos religieux de crime, oui, ceux qui refusent la fermeture des mosquées et qui favorisent ainsi la transmission d’un virus qui tue aussi – ne regardent-ils pas ces images qui nous viennent de l’Italie????) , ne pas ré ouvrir les écoles.


Le virus n’a pas de « pieds ». Il ne circule que grâce aux hommes. Il ne peut voyager s’il n’a pas de « véhicule » qui lui permet de passer d’hommes en hommes. Ce véhicule c’est nous. Nous.


Il y aura bien un avant et un après Covid-19.


Et à nous de savoir ce que nous voulons : sauver l’économie ou sauver l’humain.


Sauver les enfants, les femmes et les hommes et non pas une vision stérile du vivre ensemble.

 

 

 

Mariem Derwich

Facebook – Le 22 mars 2020

 

 

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