En déclarant cette fin de semaine au palais de la république au cours d’une conférence de presse que la réconciliation nationale n’est pas un terme approprié pour la Mauritanie qui n’a pas connu une guerre civile Ould Ghazouani fait impasse sur la question nationale.
En considérant que c’est l’unité nationale qui prime sur tout et qu’il est entrain de tout faire pour la consolider le chef de l’Etat se tire une balle dans le pied. Au delà c’est la cohabitation qui prend un coup. Et ce silence abasourdissant sur les déportations des negro-africains de la Vallée en 89 au Sénégal et au Mali. Et l’assassinat de 28 soldats negro-africains à Inal en 91 jusqu’ici impuni est considéré par les observateurs comme une complicité de crimes. C’est un déni de justice pour ces milliers de réfugiés pour ces veuves et orphelins en attente toujours des corps pour des sépultures dignes.
C’est un manque de courage politique dans un contexte pourtant favorable à la remise en cause de l’establishment. Un État responsable ne tourne pas le dos aux longues souffrances d’une composante de sa population voire deux composantes avec les Haratines dont la question de l’esclavage est loin d’etre réglée. Si le problème réside dans la pauvreté et l’ignorance les milliards d’ouguiya que le gouvernement y consacre ne peuvent pas résoudre la question fondamentale de la liberté de l’esclave qui passe par l’application stricte de la loi et la restauration de la justice et l’égalite entre tous les mauritaniens. Et surtout par un changement des mentalités du lobbying de l’esclavage.
C’est en cela que le réconciliation nationale est importante pour le pardon et la vérité. Et seul un État de droit peut y arriver. La fin de l’esclavage et le règlement du passif humanitaire sont les deux mamelles de la cohabitation esquivée encore une fois par Ould Ghazouani qui rate l’occasion d’être le président de tous les mauritaniens.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya 07 mars 2020)
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