Mauritanie : des réformes encore timides pointées par les observateurs

Les réformes engagées par le gouvernement concernant tous les départements ministériels sont considérées par les observateurs comme des mesures d’urgence et non structurelles. C’est une volonté politique qui doit aller au delà des rapports de la cour des comptes qui vient d’épingler plusieurs organismes d’ État.

L’opposition mauritanienne avait raison quand elle avait réclamé dès la formation du premier gouvernement sous l’ère de Ould Ghazouani un audit des finances publiques. Un état des lieux indispensable d’une manière générale pour entreprendre des réformes qui s’imposent.

C’est la cour des comptes qui a été appelée à la rescousse en ciblant quelques organismes publics dont certains comme le fond national des Hydrocarbures ( fonds des générations)dont le solde en 2018 suscite des interrogations plus de 168 millions de dollars. Et c’est l’actuel patron de la SNIM qui était ministre de l’économie et des finances. Alors que d’autres sociétés d’Etat les plus importantes qui crèvent les yeux sont pour le moment en stand by comme la SNIM, la SOMELEC etc…en situation de faillite.

Dans cette lancée la Banque centrale et le trésor public devaient être les premiers à être dans le viseur. Les observateurs s’interrogent sur ce silence délibéré ou pas de Ould Ghazouani qui pourrait être rattrapé par l’histoire à moins de corriger le tir dès maintenant en commençant par sanctionner déjà ceux qui ont été épinglés par la cour des comptes. Ensuite à court terme lutter contre l’impunité implique que la cour des comptes et la cour suprême soient réformées en profondeur pour l’indépendance de la justice et la solidité des institutions. Il y va de la crédibilité des institutions de l’intérêt national et de la stabilité politique.

Certes le gouvernement de technocrates donne une meilleure image que ceux réunis du régime précédent après 6 mois seulement. Les observateurs ne peuvent pas se contenter que des avancées dans la mise en œuvre du programme ambitieux du président qui traduit une volonté politique de répondre aux attentes des mauritaniens après 11 années d’autoritarisme de gabegie et de corruption de Ould Aziz.

Le silence face à cette mal gouvernance est considéré comme un voile de protection de son prédécesseur. Et au delà c’est une complicité de Ould Ghazouani. Et il ne serait pas faux de considérer que les mesures déjà engagées relèvent de l’urgence. L’etat de dégradation avancée du pays dans tous les domaines nécessite des réformes structurelles comme par exemple dans l’éducation nationale ou il s’agit d’une refonte du système éducatif en première ligne une correction de la langue arabe et un meilleur usage du français avec en perspective l’enseignement des langues nationales. Et surtout valoriser l’enseignement professionnel et technique.

Au niveau de la santé la formation sur le sol national et à l’extérieur selon les besoins prioritaires du pays. Instaurer les causes nationales pour les problèmes de santé publique. Voilà quelques pistes de réflexion pour un changement systémique.

Au plan politique la normalisation avec l’opposition est un signe encourageant mais pas suffisant pour un dialogue inclusif pour changer un conseil constitutionnel ou les sages vont être guidés par la lecture du droit et non la politique. De même une CENI ou l’opposition et la société civile auront leur place pour des élections transparentes et consensuelles.

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 16 janvier 2020)

 

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