L’escalade tant redoutée, après l’assassinat du puissant général iranien Soleimani, vient-elle de commencer ? Quelques heures seulement après l’enterrement de l’homme fort de Téhéran, plusieurs intérêts américains ont été visés à Bagdad, samedi 4 janvier. Des roquettes et obus de mortier se sont abattus quasi simultanément dans la Zone verte fortement fortifiée de la capitale irakienne, où se trouve l’ambassade des États-Unis, ainsi que sur la base aérienne de Balad qui abrite des troupes américaines, sans faire de victimes, rapporte Al Jazeera. Selon le correspondant de la chaîne de télévision, Osama Bin Javaid, “aucun des projectiles n’a atterri dans l’enceinte de l’ambassade”.
Sans évoquer directement ces deux attaques, le président américain Donald Trump a de nouveau haussé le ton quelques heures plus tard, sur Twitter : les États-Unis ont sélectionné 52 sites en Iran et les frapperont “très rapidement et très durement” si la République islamique attaque du personnel ou des sites américains, a souligné Donald Trump. Certains de ces sites iraniens “sont de très haut niveau et très importants pour l’Iran et pour la culture iranienne” a-t-il précisé.
“Le président a émis ces avertissements après que les agences d’espionnage américaines ont détecté samedi que les unités iraniennes de missiles balistiques à travers le pays étaient dans un état de préparation accrue”, a déclaré samedi un responsable américain au New York Times.
Selon d’autres sources interrogées par le quotidien américain, “on ne sait pas vraiment si l’Iran est en train de disperser ses missiles balistiques pour éviter une attaque américaine, ou s’ils sont en train de mobiliser leurs unités pour une frappe majeure contre des cibles ou des alliés américains dans la région en représailles à la mort du général Soleimani”. Plusieurs responsables américains ont affirmé “ne pas craindre de représailles massives de la part de l’Iran, en partie à cause des divisions au sein de la direction iranienne”, note le New York Times.
L’Iran, un “tigre de papier” ?
“Le président américain et ses proches conseillers semblent croire que l’Iran est un tigre de papier et qu’une fois qu’on lui aura donné un coup de poing dans le nez, il retournera dans sa grotte” souligne Colin Kahl, ancien conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, dans une analyse publiée sur le site du magazine Foreign Policy. “Il est vrai que, par le passé, le régime iranien a parfois fait preuve de prudence face à un adversaire plus fort que lui […] mais la frappe contre Soleimani est différente. C’était un acte manifeste contre quelqu’un qui était sans doute le deuxième plus haut responsable du pays” souligne l’expert. “Le régime répondra au moment, dans le lieu et de la manière de son choix, car la seule chose qu’il redoute plus qu’un conflit avec les États-Unis, c’est de reculer face à une remise en cause aussi directe de son régime” estime Colin Kahl. L’Iran a promis de venger la mort du puissant général iranien.
Côté irakien, l’heure est de nouveau à l’incertitude et à la peur. L’attaque contre le général Soleimani “a ébranlé l’Irak, accentuant des craintes de longue date que le sol du pays devienne à nouveau le foyer d’une guerre sanglante entre Washington et Téhéran. Pour beaucoup d’Irakiens pris entre les deux, Bagdad porte désormais les échos des incertitudes qui ont précédé l’invasion américaine de 2003” souligne le Washington Post.
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com