Mauritanie : l’exclusion du français à l’assemblée nationale fait polémique

La décision de traduire l’arabe dans les langues nationales sans le français au sein de l’assemblée nationale ouvre le débat sur la place de cette grande langue de communication en Mauritanie.
L’histoire retiendra que le français est un acquis pour la Mauritanie. Son usage dans l’enseignement et dans l’administration est une réalité depuis l’indépendance en 60 mais depuis la mise en place d’une politique d’arabisation à outrance la langue de Molière est en perte de vitesse dans tous les rouages de l’Etat. Ce statut de seconde langue après l’arabe semble être remis en cause à l’assemblée nationale qui abrite depuis cette semaine une session plénière sur le budget 2020.
Désormais le Pulaar, le Sooninke et le Ouolof auront droit de droit de cité dans l’hémicycle avec la création d’un service de traduction simultanée de l’arabe pour les sessions parlementaires excluant ainsi le français. Ce choix politique ouvre le débat sur la place du français en Mauritanie. Ce qui semble être un acquis historique est entrain de perdre du terrain au profit des langues nationales qui avaient été longtemps reléguées aux oubliettes. Cette nouvelle orientation pourrait remettre au troisième plan la langue de Molière.
Cette aspiration des autorités de Nouakchott confirme l’inquiétude grandissante de l’ambassadeur français à Nouakchott qui comprends que certains mauritaniens n’apprécient pas cette réalité historique pour des raisons identitaires ou politiques selon les propres termes du diplomate français. Cette crainte de la disparition du français relance le débat sur le plurilinguisme. C’est du moins pour les observateurs la seule voie pour la Mauritanie de sortir de l’extrémisme arabe pour renouer avec son histoire et sa position géo politique de trait d’union entre le monde arabe et africain.
La coexistence de l’arabe, des langues nationales et du français est possible dans le cadre d’une nouvelle politique d’indépendance culturelle qui passe par l’enseignement des langues nationales et l’utilisation de l’arabe et le français comme grandes langues de communication.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 19 décembre 2019)

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