États-Unis – Destitution de Trump : les audiences publiques débutent avec une révélation

George Kent et Bill Taylor, deux diplomates respectés, ont été les premiers témoins appelés par les démocrates de la Chambre des représentants dans le cadre des audiences publiques liées à la procédure de destitution ouverte contre le président américain. Taylor a évoqué une conversation téléphonique qui contredit la ligne de défense des républicains.

“Les premières audiences publiques mercredi ont été à la hauteur de l’attente”, affirme CNN pour résumer le début d’une nouvelle phase dans la procédure de destitution de Donald Trump : des témoignages diffusés en direct à la télévision alors que le président américain est soupçonné d’avoir fait pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il enquête sur l’un de ses rivaux, l’ancien vice-président Joe Biden.

Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, ont convoqué à Washington George Kent et Bill Taylor, deux diplomates respectés qui ont servi dans des administrations républicaines et démocrates. Dans son discours d’introduction, M. Taylor, diplomate le plus haut placé à l’ambassade des États-Unis en Ukraine, “a lâché une bombe”, “une révélation de plus dans ce scandale”, estime Vox.

Il a raconté que l’un de ses assistants avait surpris une conversation téléphonique entre Donald Trump et Gordon Sondland, l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne. Cet appel a été passé le 26 juillet 2019, soit au lendemain de l’échange téléphonique au cours duquel le président américain aurait demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur le démocrate Joe Biden en échange d’une assistance militaire d’environ 400 millions de dollars, pourtant promise de longue date.

“Cette nouvelle pièce du puzzle ébranle” la défense du clan Trump, explique le Washington Post. D’abord, précise le quotidien de la capitale, parce que le pensionnaire de la Maison-Blanche a déclaré la semaine dernière qu’il connaissait “à peine” M. Sondland (qui a fait une donation de 1 million de dollars pour sa campagne). Ensuite, parce que cette conversation montrerait qu’il a personnellement suivi la négociation avec le président ukrainien, contrairement à ce que soutiennent les républicains. Enfin, parce que, comme l’aurait confié M. Sondland à l’assistant de M. Taylor, Trump “était plus préoccupé par les enquêtes sur Biden” que par la corruption en Ukraine, un autre argument des républicains.

De son côté, George Kent, un cadre du ministère des Affaires étrangères, a fait part de son inquiétude quant au rôle de Rudy Giuliani, l’avocat personnel du président, très actif en Ukraine selon lui et dont les “investigations à motivation politique ont infecté l’engagement américain” avec le pays d’Europe de l’Est.

Face à ce que CNN qualifie de “témoignages dévastateurs pour le président”, les parlementaires républicains présents au Capitole ont défendu leur leader. “C’est une campagne de diffamation médiatique soigneusement orchestrée”, a dénoncé Devin Nunes, élu de Californie.

Donald Trump n’a pas suivi cette première audience publique

 

“Les parlementaires du GOP [le Parti républicain] ont cherché à saper la légitimité des audiences et noté à plusieurs reprises qu’aucun des deux hommes n’avait personnellement parlé avec Trump ou ne disposait d’informations de première main sur ses motivations”, relève le Los Angeles Times.

Jim Jordan, élu de l’Ohio et allié combatif du président, a réclamé que le lanceur d’alerte à l’origine de l’affaire vienne témoigner. Ce à quoi le démocrate Peter Welch a répondu, faisant sourire la salle : “J’aimerais aussi voir témoigner la personne qui a tout déclenché : le président Trump”, relate Fox News.

Les républicains ont par ailleurs fait remarquer que l’Ukraine avait bien reçu l’assistance militaire, en septembre plutôt qu’en juillet. Mais, souligne Politico, c’est oublier qu’entre-temps les démocrates avaient annoncé l’ouverture d’une enquête et que l’administration Trump avait été informée de l’existence d’un lanceur d’alerte.

La ligne de défense des républicains n’a visiblement pas convaincu le New York Times. “Plutôt que parler des faits […], ils les tordent, les omettent et en inventent d’autres qui leur conviennent”, peut-on lire dans un éditorial sévère. Quant à ces informations de seconde main, rappelle le quotidien, “ce ne serait pas un problème si M. Trump ne faisait pas obstruction à l’enquête en empêchant des officiels de la Maison-Blanche, y compris ceux qui ont écouté l’appel avec le président ukrainien, de témoigner”.

Les audiences vont continuer. David Holmes, l’assistant qui a entendu la conversation entre M. Trump et M. Sondland, s’exprimera vendredi mais il ne le fera pas publiquement. M. Sondland doit témoigner la semaine prochaine.

Donald Trump assure ne pas avoir suivi cette première séance publique. Il a toutefois tweeté sur le sujet mercredi matin et diffusé une vidéo dans laquelle il assure à ses partisans – “je me bats pour vous” – que les démocrates essaient de le stopper. Les médias l’ont interrogé sur le sujet à l’occasion d’une conférence de presse aux côtés de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. “C’est une mascarade. Elle ne devrait pas être autorisée”, a-t-il critiqué dans des propos rapportés par NBC News.

Source : Courrier international

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