Malgré une actualité nationale très riche en rebondissements avec la libération des détenus de Lexeiba et le retour sur ses décisions du gouvernement sur la réforme de l’âge d’entrée à l’Université après un massacre des étudiants c’est également la contribution de l’ancien ministre Ahmed Ould Sidi Baba sur la question nationale qui focalise l’attention des observateurs.
C’est une analyse lucide concise et instructive qui rompt le silence complice au sein de l’intelligentsia arabo-berbère sur la question nationale ou appelée autrement cohabitation. Cette contribution qui vient à point nommé au moment où l’élection de Ould Ghazouani est un espoir de paix et de justice sociale pour les mauritaniens. Elle rejoint deux autres positions des présidents de l’UFP et du RFD avant la présidentielle de juin dernier qui avaient rompu le silence avec le principe de consensus habituel de l’intelligentsia arabophone synonyme de complicité avec le racisme d’Etat.
L’ancien ministre qui a pris le soin de consulter des personnalités toutes tendances confondues des intellectuels, juristes, journalistes et entrepreneurs, est loin d’être démagogique mais au contraire il invite ses compatriotes et au niveau président à des solutions plausibles sur la gouvernance en Mauritanie. Ahmed Ould Sidi Baba sait de quoi il parle. Son expérience au pouvoir lui permet de prendre un recul et de relever les dérives idéologiques, religieuses ou communautaristes des régimes antérieurs surtout avec l’avènement des militaires depuis 78 jusqu’à Ould Ghazouani. L’émergence d’une oligarchie militaire n’est pas pour favoriser une politique de civilisation et de progrès selon ses propres termes.
L’ancien ministre prône ainsi un état de droit et une culture démocratique qui passent par la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire avec en toile de fond l’indépendance surtout de la justice. A cet effet il va jusqu’à proposer la possibilité du citoyen de saisir directement le conseil constitutionnel. Cette instauration de la citoyenneté appelle à l’abandon d’un parti-Etat qui ne correspond plus à la vision d’un Etat moderne. C’est sur le passif humanitaire que Ahmed Oukld Sidi Baba a été convaincant en demandant à Ould Ghazouani de le régler dès son début de mandat comme l’avait amorcé le premier président élu démocratiquement depuis 78 Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Lequel avait initié une conférence nationale de réconciliation nationale dont le succès à l’époque n’a laissé aucun mauritanien indifférent. Et au-delà pour résoudre la cohabitation entre les différentes composantes du pays il estime qu’il est urgent de promouvoir les langues nationales avec la réhabilitation de l’institut des langues nationales. C’est clair que la question nationale c’est aussi les séquelles de l’esclavage qu’il qualifie misère, ignorance, maladie, chômage et marginalisation d’une composante qui représente aujourd’hui en terme démographique près de la moitié de la population. Il suffira d’appliquer les lois criminalisant cette pratique pour sortir de cet anachronisme de l’histoire. Ces deux piliers de la cohabitation appellent à une ère nouvelle qui s’ouvre à Ould Ghazouani qui devra saisir cette opportunité pour régler l’unité nationale et la cohésion sociale.5 ans c’est peu mais le changement c’est maintenant.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya 07 novembre 2019)
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