Mauritanie : Ould Ghazouani à l’épreuve du pouvoir

En demandant le bilan des 100 premiers jours du gouvernement le président mauritanien s’inscrit dans la tradition républicaine d’inspiration française. Sur la forme les observateurs pointent un changement de style et sur le fond rien n’a changé avec le recul des libertés de la citoyenneté et le maintien d’un racisme d’Etat.

100 jours c’est très peu pour juger un gouvernement mais en même temps c’est un baromètre pour voir le chemin qui reste à parcourir au moins pour 5 ans pour le chef de l’exécutif. Et pour le premier ministre comme pour son gouvernement tout dépendra de la conjoncture et de l’humeur du président. Pour les observateurs 100 jours suffisent pour voir que Ould Ghazouani n’est pas sur les bons rails même avant que le gouvernement ne rende sa copie à la primature.

Le seul changement visible c’est au niveau du style. Le président mauritanien contrairement à son prédécesseur a donné plus de poids à son premier ministre Ould Cheikh Sidya passage obligé des ministres pour toute communication ou problèmes relevant de leur département. Et puis le conseil des ministres est devenu presque un séminaire où l’improvisation n’est pas de mise. Aucun ministre n’échappe à la mise en place de solutions aux problèmes de son département. Cette apparence d’un gouvernement dynamique occulte le statu quo de la gouvernance du régime de Ould Ghazouani.

Après 100 jours rien n’a changé. Les militants de la CVE sont en prison dans les geôles de la vallée et sans jugement depuis plus de 3 mois. Des militants anti-esclavagistes et des droits de l’homme sont également détenus arbitrairement dont les derniers en date un député de l’IRA et une militante des droits de l’homme pour avoir critiqué les violations du régime dans ce domaine en dehors du pays. Les manifestations sont réprimées violemment par la police comme en témoigne la révolte des étudiants contre la mauvaise réforme sur l’âge d’entrée à l’Université.

100 jours à l’épreuve du pouvoir Ould Ghazouani opère des nominations aux principaux postes stratégiques du pays, les sociétés d’Etat et la sûreté de l’Etat qui excluent les négro-mauritaniens et les Haratines pourtant qui constituent aujourd’hui la majorité de la population.

Cette politique raciste est encore plus visible au niveau de l’armée où les recrutements sont fermés aux mêmes composantes nationales dans un contexte où la grande muette est d’ailleurs en pleine mutation biométrique pour de nouvelles cartes d’identité. La note est médiocre. Le pire est à venir.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 05 novembre 2019)

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